jeudi 2 janvier 2020

Colonel Blimp (The Life and Death of Colonel Blimp de M. Powell et E. Pressburger, 1943)




Très beau film du duo Powell-Pressburger (c’est là leur première association), dressant un tableau splendide de Clive Wynne-Candy, personnage haut en couleur dont on suit quarante ans de vie, depuis ses premières frasques jusqu’aux dernières.
Étrangement (mais le film ne manque pas d’étrangeté), Colonel Blimp est un film de guerre sans bataille. Mais, loin de manquer d’entrain, celui-ci repose sur les personnalités des personnages et sur le talent de narrateur de Powell, très à l’aise, qui change d’époque aussi facilement qu’il change de ton, s’arrête sur un moment de vie ou un détail savoureux, et joue avec d’habiles ellipses pour marquer le temps qui passe. Powell relie de façon admirable ces différentes époques avec la toute jeune Deborah Kerr, vingt-deux ans, qui interprète trois rôles différents et, en donnant une jeunesse éternelle à ses personnages, teinte le film d’une aura presque fantastique.
Le film joue avec la caricature du colonel Blimp (personnage réactionnaire farfelu et ridicule) et construit, peu à peu, un personnage loyal et sentimental, parfois magnifique de bravoure. La réussite du film doit aussi beaucoup à Roger Livesey, dans le rôle-titre, qui est exceptionnel de bonhommie et d’honnêteté un peu naïve et franche. Son vieillissement progressif est étonnant de vraisemblance et son idéalisme galant apparaît, de façon savoureuse, de plus en plus en porte-à-faux avec la modernité.



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