Très beau film
du duo Powell-Pressburger (c’est là leur première association), dressant un
tableau splendide de Clive Wynne-Candy, personnage haut en couleur dont on suit
quarante ans de vie, depuis ses premières frasques jusqu’aux dernières.
Étrangement
(mais le film ne manque pas d’étrangeté), Colonel
Blimp est un film de guerre sans bataille. Mais, loin de manquer d’entrain,
celui-ci repose sur les personnalités des personnages et sur le talent de
narrateur de Powell, très à l’aise, qui change d’époque aussi facilement qu’il
change de ton, s’arrête sur un moment de vie ou un détail savoureux, et joue
avec d’habiles ellipses pour marquer le temps qui passe. Powell relie de façon
admirable ces différentes époques avec la toute jeune Deborah Kerr, vingt-deux
ans, qui interprète trois rôles différents et, en donnant une jeunesse
éternelle à ses personnages, teinte le film d’une aura presque fantastique.
Le film joue
avec la caricature du colonel Blimp (personnage réactionnaire farfelu et
ridicule) et construit, peu à peu, un personnage loyal et sentimental, parfois
magnifique de bravoure. La réussite du film doit aussi beaucoup à Roger
Livesey, dans le rôle-titre, qui est exceptionnel de bonhommie et d’honnêteté
un peu naïve et franche. Son vieillissement progressif est étonnant de
vraisemblance et son idéalisme galant apparaît, de façon savoureuse, de plus en plus en porte-à-faux avec la
modernité.
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