Au moins, avec
Gaspard Noé, tout est clair : un film fou et psychédélique se filme de
façon folle et psychédélique. La forme et le fond sont indissociables, l’un et
l’autre se contaminent totalement. Et Noé annonce la couleur d’emblée avec un générique
dopé à l’acide, frénétique, électronique et qui propulse comme dans une autre
dimension.
Le script, bien sûr, est très minimaliste et tout à fait banal (on est même navré que Noé ait si peu de choses à dire), mais là n’est pas ce qui intéresse le réalisateur. Ainsi, après vingt
minutes de pure caméra subjective (mais qui tombent un peu à plat), la caméra – et le film avec elle – décolle lorsque
l’esprit d’Oscar s’échappe de son corps. Il entraîne alors le spectateur dans
un (long) trip halluciné, planant, délirant, empli de néons, de plongées dans la
lumière ou le noir, glissant d’une rue à l’autre, filant dans les nuages, s’échappant
sans cesse, évanescent et mobile, plongeant dans les trous du monde (un
abat-jour empli d’une lumière douce, l’éclat d’un néon mais, tout aussi bien, le
trou laissé par une balle dans le corps) et fouillant son passé, mélangeant les
dernières heures vécues aussi bien que les souvenirs – traumatiques – de l’enfance.
Noé, en voulant créer sans cesse de nouvelles images (c'est là qu'est sa force et son originalité), étale une virtuosité
manifeste et Enter the Void cherche à immerger dans
un nouvel univers visuel et sonore. Le spectateur,
alors, peut tout aussi bien adhérer et planer aux côtés de l'esprit d'Oscar, qu’il peut, au contraire,
être rebuté et rester de marbre.
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