Dans un film
assez froid, Ruben Östlund reprend tous les canons de la moraline (le bobo
branché arrogant, les bourgeois entichés d’art contemporain, les mendiants, la
boîte de com., etc.) et propose un énième regard satirique – qui se veut lucide
– sur la société.
Le seul vrai parti-pris
de Östlund est de choisir un personnage principal bien peu aimable, hautain et sans
affect. Mais, comme il est assez détestable, on se doute un peu que le film ne
va pas en rester là : Christian va donc subir la trajectoire
classique : il est d’abord puni, va s’effondrer, puis il sera progressivement
absous (avec la scène cathartique de la recherche du numéro de téléphone de
l’enfant roumain dans les poubelles). Dès lors, Christian a compris, il a
dépassé ses préjugés, il n’est plus le même. Et le regard de ses enfants sur
lui cautionne ce changement. Tout cela est très convenu et, par là même, n’est
guère passionnant. Et on a du mal à sortir de cette impression d’aquarium avec
le réalisateur qui regarde évoluer son personnage comme on regarde un poisson
faire des ronds dans l’eau.
Il est d’ailleurs tout à fait révélateur que la scène du dîner de gala, de loin la plus percutante et la plus réussie, soit complètement déconnectée du reste du film.
Il est d’ailleurs tout à fait révélateur que la scène du dîner de gala, de loin la plus percutante et la plus réussie, soit complètement déconnectée du reste du film.
Le film prend
appui sur l’art contemporain pour raconter sa petite histoire : non seulement bien
sûr autour de son « square », mais aussi autour des différentes
installations du musée ou encore autour du petit film trash réalisé par les publicitaires.
Östlund y met bien une touche d’ironie absurde et de cocasserie grinçante. Mais
il est singulier (ou révélateur, c’est selon), qu’un film prenant pour support
l’art contemporain – qui est supposément novateur et volontiers transgressif (1)
– en arrive à des dénonciations très conventionnelles, tout à fait banales, et
vues cent fois, sur l’arrogance hypocrite et déshumanisée de la bourgeoise.
Notons aussi qu’en
plus d’être réalisateur, Östlund est artiste plasticien : il a réalisé une installation en carré, telle qu’on la voit
dans le film, devant le musée de Värnamo en Suède : tout cela laisse circonspect
sur sa distance ironique avec ce qu’il dénonce puisque s’il s’en moque ici, il
se prend par ailleurs très au sérieux.
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