Polar violent et
nerveux de Kinji Fukasaku qui met en scène un yakuza d’abord inféodé à un clan
mais qui, très vite, se révèle individualiste et ingérable, sans respect pour
les codes d’honneur des yakuzas. Il est un peu à l’image du Japon qui, après la
guerre et la honte de la défaite et de la présence américaine, est en perte de
repères.
Présenté comme
un documentaire, avec même des inserts d’image, le film bénéficie du style de
Fukasaku qui épouse la personnalité de son personnage principal tendu
comme un arc : le rythme est sec et nerveux, le montage haché et la caméra
virevolte en tous sens, comme incontrôlable.
Si cette manière
de filmer est remarquable, on regrette que le réalisateur – certes contraint
par son statut de réalisateur de films de commande – ne s’intéresse pas à des personnages plus
intéressants, qui ont une profondeur psychologique ou un destin plus grands que
cet individualisme qui ne mène à peu près à rien d’autres qu’un
jusqu’au-boutisme forcément fatal.
Fukusaku essaie
bien de donner une ampleur particulière au personnage en toute fin de film,
mais l’histoire est un peu décevante, alors que la mise en scène, en elle-même,
est très stimulante.
lundi 29 juin 2020
Le Cimetière de la morale (Jingi no hakaba de K. Fukasaku, 1975)
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