lundi 29 juin 2020

Le Cimetière de la morale (Jingi no hakaba de K. Fukasaku, 1975)



Polar violent et nerveux de Kinji Fukasaku qui met en scène un yakuza d’abord inféodé à un clan mais qui, très vite, se révèle individualiste et ingérable, sans respect pour les codes d’honneur des yakuzas. Il est un peu à l’image du Japon qui, après la guerre et la honte de la défaite et de la présence américaine, est en perte de repères.
Présenté comme un documentaire, avec même des inserts d’image, le film bénéficie du style de Fukasaku qui épouse la personnalité de son personnage principal tendu comme un arc : le rythme est sec et nerveux, le montage haché et la caméra virevolte en tous sens, comme incontrôlable.
Si cette manière de filmer est remarquable, on regrette que le réalisateur – certes contraint par son statut de réalisateur de films de commande – ne s’intéresse pas à des personnages plus intéressants, qui ont une profondeur psychologique ou un destin plus grands que cet individualisme qui ne mène à peu près à rien d’autres qu’un jusqu’au-boutisme forcément fatal.
Fukusaku essaie bien de donner une ampleur particulière au personnage en toute fin de film, mais l’histoire est un peu décevante, alors que la mise en scène, en elle-même, est très stimulante.



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