Étonnant film
qui traîne une lassitude d’emblée, en confinant ses personnages dans des milieux
interlopes glauques. Le film reflète une fin, un basculement d’époque,
basculement qui n’est pas dit ou même évoqué directement mais que l’on sent
parfaitement. Plus qu’un cinéma de la gueule de bois, c’est un cinéma du
désespoir. Il y a du Houellebec dans l’humeur de ce film, avec la même
désillusion, la même lassitude, la même incapacité à communiquer, le même
regard vide face à tout ce qui s’est perdu avec la modernité, la laideur du
monde, l’émancipation, la libération sexuelle, toute cette tambouille sociale
qui, nous dit le film, n’emmène pas bien loin. Simone, carrefour et réceptacle
de ces trajectoires perdues est elle aussi perdue et elle le sait parfaitement,
même si elle se ment encore à elle-même.
La fin, lorsque
Simone conduit un autre déraciné de la nuit, est remarquable : elle donne
une dimension supplémentaire à ces deux êtres perdus qui cessent, pour un instant,
de s’illusionner. Ce dernier quart d’heure a une puissance étrange et envoûtante.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire