Si le sujet du
film, de fait, a beaucoup vieilli, il faut reconnaître que Stanley Kramer
attaque une nouvelle fois, avec beaucoup d’audace, les sujets qui fâchent. De sorte que c’est dans son sujet,
bien entendu, plus que dans son traitement (la mise en scène est très
conventionnelle), que réside l’intérêt et l’originalité du film.
Ici il propose rien
de moins qu’un mariage entre la jolie fille blonde d’un couple bourgeois de San
Francisco et un médecin noir joué par Sidney Poitiers. D’emblée (un baiser
langoureux dans le taxi) Kramer installe en plein cadre la
gêne, les reproches, les sidérations, les désapprobations. On le voit, avant même l'avènement du Nouvel Hollywood, les studios pouvaient prendre à bras le corps un sujet difficile.
Le film vise juste en
mettant un couple progressiste typique au cœur de ses contradictions et en
scrutant les réactions. Katharine Hepburn, outrancière comme toujours, passe
l’essentiel du film la larme à l’œil, en mère émue par la situation. Avec un
Sidney Poitiers toujours un peu fade, il n’y a guère que la bonhommie de
Spencer Tracy (qui mourra peu de temps après, avant la sortie du film) qui
apaise et vient mettre un peu de réalisme dans ce sur-jeu très hollywoodien.
On regrette
quelques raccourcis scénaristiques qui éludent un problème pourtant
central : en choisissant un mari certes noir mais médecin haut de gamme à
l’OMS (ce qui, en 1967, n’existait guère…), il n’aborde pas la question de
l’écart social, qui se serait inévitablement posé si la jeune fille de bonne
famille s’était amourachée d’un chauffeur de bus ou d’un ouvrier. Mais on sait
gré à Kramer d’aborder le problème de l’acceptation des couples mixtes, même
en laissant de côté certains aspects. Le pas est énorme pour Hollywood en 1967,
avec ce sujet très délicat, qui fut produit par les studios et appuyé par le
couple vedette Hepburn-Tracy.
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