mardi 10 août 2021

Fast and Furious 9 (F9 de J. Lin, 2021)

 


Conformément à ce que l’on pouvait supposer après le premier opus, la série Fast and Furious, en même temps qu’elle s’étirait, s’enfonçait dans une débilité toujours plus confirmée. Il faut bien admettre que l’on peut y voir – avec l’excès qui sied à toute caricature – tous les ingrédients des majors pour réaliser un blockbuster dans une forme outrancière et dégénérée.
On peut alors bien entendu oublier ce film aussitôt vu (ou, mieux encore, ne pas le voir du tout), mais on peut aussi le regarder comme un exemple délirant des excès de l’industrialisation à outrance.
On peut ainsi s'affliger de la très grande pauvreté de réalisation qui reprend tous les poncifs, avec, par exemple, des ralentis dès que l’action se veut décisive ou bien des champs contre-champs lourds et systématiques qui s’appliquent à toujours montrer en plein champ celui qui parle, comme le veut la vulgate des séries télé. La bêtise profonde du scénario laisse pantois, en multipliant à un niveau rarement égalé les incohérences, à tel point que, très vite, on ne prête plus guère attention à la cohérence de ce déversement d’action (toujours avides de performances et voulant intercepter un satellite, les scénaristes n’hésitent pas à lancer en orbite une voiture affublée d’un moteur de fusée…). La nullité étonnante des acteurs (y compris Vin Diesel, malgré les quelques vingt millions de dollars reçus pour cet opus) surprend aussi : au jeu minimaliste très prétentieux des uns, répond le cabotinage bête des autres. Il en est ainsi jusqu’aux dialogues qui sont eux aussi des caricatures constantes : dans un premier degré permanent, jamais les personnages ne se parlent vraiment, ils se contentent de déblatérer des informations pour tenter de faire comprendre le scénario ou bien émettent des phrases définitives (les dialogues parents-enfants se résument à des maximes de vie). Et il en est de même du montage, de la musique, des rapports entre les personnages, des rapports entre le film et le spectateur (pris sans cesse pour un sombre crétin à qui l’on peut fournir sans sourciller mille scènes idiotes), etc.
Que cette formule puisse avoir du succès laisse pantois mais elle en dit long sur le spectateur. On aimerait se dire qu’il se fait piéger et n’aime pas le film, mais c’est oublier que, comme pour n’importe quel fast-food qui ne trompe jamais son monde (on sait bien la nourriture que l’on va y trouver), ce neuvième (!) épisode ne trahit rien ni personne : il promet de la bouillie et de la décérébration et il tient parole.



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