Conformément à ce que l’on pouvait supposer après le premier
opus, la série Fast and Furious, en
même temps qu’elle s’étirait, s’enfonçait dans une débilité toujours plus
confirmée. Il faut bien admettre que l’on peut y voir – avec l’excès qui sied à
toute caricature – tous les ingrédients des majors pour réaliser un blockbuster
dans une forme outrancière et dégénérée.
On peut alors bien entendu oublier ce film aussitôt vu (ou,
mieux encore, ne pas le voir du tout), mais on peut aussi le regarder comme un
exemple délirant des excès de l’industrialisation à outrance.
On peut ainsi s'affliger de la très grande pauvreté de réalisation qui
reprend tous les poncifs, avec, par exemple, des ralentis dès que l’action se
veut décisive ou bien des champs contre-champs lourds et systématiques qui s’appliquent
à toujours montrer en plein champ celui qui parle, comme le veut la vulgate des
séries télé. La bêtise profonde du scénario laisse pantois, en multipliant à un
niveau rarement égalé les incohérences, à tel point que, très vite, on ne prête
plus guère attention à la cohérence de ce déversement d’action (toujours avides
de performances et voulant intercepter un satellite, les scénaristes n’hésitent
pas à lancer en orbite une voiture affublée d’un moteur de fusée…). La nullité
étonnante des acteurs (y compris Vin Diesel, malgré les quelques vingt millions
de dollars reçus pour cet opus) surprend aussi : au jeu minimaliste très
prétentieux des uns, répond le cabotinage bête des autres. Il en est ainsi jusqu’aux
dialogues qui sont eux aussi des caricatures constantes : dans un premier
degré permanent, jamais les personnages ne se parlent vraiment, ils se
contentent de déblatérer des informations pour tenter de faire comprendre le
scénario ou bien émettent des phrases définitives (les dialogues
parents-enfants se résument à des maximes de vie). Et il en est de même du
montage, de la musique, des rapports entre les personnages, des rapports entre
le film et le spectateur (pris sans cesse pour un sombre crétin à qui l’on peut
fournir sans sourciller mille scènes idiotes), etc.
Que cette formule puisse avoir du succès laisse pantois mais
elle en dit long sur le spectateur. On aimerait se dire qu’il se fait piéger et
n’aime pas le film, mais c’est oublier que, comme pour n’importe quel fast-food
qui ne trompe jamais son monde (on sait bien la nourriture que l’on va y
trouver), ce neuvième (!) épisode ne trahit rien ni personne : il promet
de la bouillie et de la décérébration et il tient parole.
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