Si le film, au premier abord, semble étrange, il est en réalité tout à fait raccord avec bon nombre des réalisations d’Alain Tanner. Le Retour d’Afrique évoque l’échec, le vide ou les moments ratés de la vie, un peu comme le faisait La Salamandre, Charles mort ou vif ou encore ou Dans la ville blanche. C’est là une des belles réussites de Tanner que d’illustrer à l’écran la maxime qui nous dit que la vie c’est, lorsque l’on prévoit l’avenir, tout ce qui se déroule en dehors de ce qui était prévu. Ici, pour Vincent et Françoise, leur échappée belle, leur envie de tout plaquer pour s’ouvrir de nouveaux horizons et leur envie d’exotisme entrainent un enfermement, une claustration insupportable, coincés qu’ils sont dans leur attente, dans cet entre-deux dont ils ne savent que faire. Et, un peu comme dans La Modification de Butor, progressivement, ils comprennent que la vie ne basculera pas dans le sens qu’ils souhaitaient et qu’ils ne partiront jamais. Ce moment en suspens et cette modification progressive sont très bien rendus par Tanner de même que les forces souterraines, insaisissables, qui sont à l’œuvre et empêchent la vie d’être pleine, sereine et emplie des rêves que l’on a.
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