lundi 28 mars 2022

Les Horizons perdus (Lost Horizon de F. Capra, 1937)





Avec La Vie est belle, Les Horizons perdus constitue l’autre sommet de l’œuvre de Frank Capra. Sous la forme d’un conte philosophique, Capra dépasse ses utopies gentiment naïves (Vous ne l’emporterez pas avec vous par exemple) et emporte le spectateur dans une fable étrange, exotique et merveilleuse.
Chez Capra, Shangri-La est un monde hors du monde, préservé des hommes et de leurs vices (la jalousie, le profit, etc.) et dont il ne reste que les vertus de tempérance et d’humilité. Il faut toute la foi de Capra pour rendre crédible cette société perdue dans la montagne, pour la dessiner et la faire vivre sous nos yeux. Les scènes avec le Grand Lama sont emplies d’une spiritualité douce et très belle.



L’habileté du film consiste à parachuter plusieurs personnages dans cette vallée isolée, personnages qui n’y trouvent pas tous, d’emblée, leur Shangri-La. Si Colman (très bon Robert Conway) est tout de suite en syntonie avec le lieu, d’autres passagers mettent des semaines à oublier leurs ambitions et les vices avec lesquels ils sont venus, quand le frère de Colman, lui, ne se sentira jamais apaisé et devra repartir. C’est que le Shangri-Là, nous dit Capra, est une affaire personnelle. Il nous exhorte d’ailleurs, en fin de film, à croire en ce postulat merveilleux qu’il y a, pour chacun de nous, un monde où l’on sentira, immédiatement, que c’est là l’endroit qui nous convient, qui nous répond, avec lequel l’harmonie a lieu. On retrouve d’ailleurs la même exhortation à la fin de La Vie est belle (où Capra nous pointait du doigt en nous disant de prendre conscience de notre vie merveilleuse).
Pour Capra, Shangri-La est une vallée perdue et inaccessible au fin fond de l’Himalaya, pour d’autres ce sera un home calme et tranquille au creux de la campagne, pour d’autres un petit val qui mousse de rayons, pour d’autres encore le charme particulier de tel quartier d'une grande ville ou la place calme et sereine d’un petit village. Cerca trova comme disait Vasari.


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