mercredi 25 mai 2022

Charles mort ou vif (A. Tanner, 1970)

 



Alain Tanner, pour son premier long métrage, prend d’emblée la ligne directrice qui sera souvent la sienne : il capte la trajectoire d’un personnage qui n’est pas réellement un marginal mais qui fait un pas de côté par rapport à la société.
Il s’intéresse ici, avec originalité, à un vieil homme, au soir de sa vie active, poussé par son fils qui veut reprendre le flambeau de l’usine. Et rien ne se passe comme nous le dit souvent le cinéma (et, peut-être, la vie réelle) puisque le père quitte ses responsabilités, fuit sa famille et laisse le monde tourner sans lui.

Tanner capte un peu l’humeur révolutionnaire de l’époque et son personnage fuit tout ce qui compose le monde normatif, appliqué et programmé pour devenir un autre lui-même, en marge, apaisé et déssillé.

Le film a cette beauté profonde d’un personnage qui se révèle, change du tout au tout et se met à vivre. Suivant Rimbaud, Charles Dé n’est, tout à coup, plus guidé par les haleurs et il peut s’en aller danser sur les flots, à sa façon, à son rythme, et rêver la nuit verte aux neiges éblouies.



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