lundi 25 juillet 2022

En corps (C. Klapisch, 2022)

 



Cédric Klapisch, réalisateur de plusieurs comédies populaires (Un air de famille notamment), se noie ici en proposant un film dont le ton se cherche sans cesse (entre drame et comédie) et dont l’ambition de montrer la trajectoire d’une vie décrit finalement un étonnant surplace. En effet, Élise, la danseuse classique blessée, après bien des déboires… finit danseuse contemporaine : comme exemple de résilience et comme nouvelle vie on a fait mieux.
Il faut dire que le film commence avec une dramatisation un peu forcée (la première séquence de ballet), dramatisation qui est ensuite reléguée au second plan avec l’introduction de personnages comiques (le kiné) ou caricaturaux (le père) opérant des ruptures de tons dont la dramatisation initiale ne se remet pas. Tout le sérieux de départ passe à la trappe.
Klapisch semble ensuite hésiter entre maintenir ce ton qui raconte comment Élise va surmonter sa blessure – Élise traumatisée, éplorée, qui voit son rêve se briser : tout cela est raconté avec beaucoup de sérieux par un Klapisch qui veut émouvoir – et un ton beaucoup plus comique grâce à des séquences de pures comédies (avec l’ami cuistot par exemple). Mais Klapisch semble ignorer que pour que l’assemblage comédie/drame fonctionne, il faut que ce soit le même personnage qui passe d’un registre à l’autre et non pas des personnages dédiés les uns au drame et les autres à la comédie. Sinon – et c’est ce qui se passe ici – dès qu’il y a du comique, tout le drame est éteint, comme un feu étouffé.

Et, par-dessus cette instabilité de ton, le film rajoute une moraline sucrée bien dans l’air du temps, avec un discours aux allures de  prêchi-prêcha sur les bienfaits de la danse contemporaine, sur cet univers très cool où l’on boit des bières entre potes, où l’on prend le temps de contempler le coucher du soleil, univers qui permet de se reconstruire, qui fait des faiblesses une force, etc.
La quintessence des défauts du film est rassemblée dans le personnage de Josiane (Muriel Robin, qui cabotine de façon insupportable) : à la fois caricatural et moralisateur, ce personnage n’a aucune crédibilité et chaque mot qu’il prononce se veut une leçon de vie.

On notera néanmoins la rencontre amoureuse qui est traitée, une fois n’est pas coutume, avec retenue : on n’entendra jamais parler Mehdi, son rapprochement avec Élise étant évoqué en mode mineur avec un tact appréciable, comme si Klapisch avait changé, le temps de traiter ce sujet, son rouleau à peinture pour un pinceau plus fin.
Et, à la fin, Élise vit toujours dans son bel appartement parisien (on se demande un peu quel chemin de vie âpre et difficile elle a dû parcourir) et son père essuie une larmichette. Tout cela est très gentillet et l’ambition de départ sérieuse et sincère est depuis longtemps passée aux oubliettes.

 


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