Cédric Klapisch, réalisateur de
plusieurs comédies populaires (Un air de famille notamment), se noie ici en proposant un film dont le ton se cherche
sans cesse (entre drame et comédie) et dont l’ambition de montrer la trajectoire
d’une vie décrit finalement un étonnant surplace. En effet, Élise, la danseuse
classique blessée, après bien des déboires… finit danseuse contemporaine :
comme exemple de résilience et comme nouvelle vie on a fait mieux.
Il faut dire que le film commence
avec une dramatisation un peu forcée (la première séquence de ballet),
dramatisation qui est ensuite reléguée au second plan avec l’introduction de
personnages comiques (le kiné) ou caricaturaux (le père) opérant des ruptures de
tons dont la dramatisation initiale ne se remet pas. Tout le sérieux de départ
passe à la trappe.
Klapisch semble ensuite hésiter
entre maintenir ce ton qui raconte comment Élise va surmonter sa blessure – Élise
traumatisée, éplorée, qui voit son rêve se briser : tout cela est raconté
avec beaucoup de sérieux par un Klapisch qui veut émouvoir – et un ton beaucoup
plus comique grâce à des séquences de pures comédies (avec l’ami cuistot par exemple).
Mais Klapisch semble ignorer que pour que l’assemblage comédie/drame
fonctionne, il faut que ce soit le même personnage qui passe d’un registre à l’autre
et non pas des personnages dédiés les uns au drame et les autres à la comédie.
Sinon – et c’est ce qui se passe ici – dès qu’il y a du comique, tout le drame
est éteint, comme un feu étouffé.
Et, par-dessus cette instabilité
de ton, le film rajoute une moraline sucrée bien dans l’air du temps, avec un discours
aux allures de prêchi-prêcha sur les
bienfaits de la danse contemporaine, sur cet univers très cool où l’on boit des
bières entre potes, où l’on prend le temps de contempler le coucher du soleil, univers qui
permet de se reconstruire, qui fait des faiblesses une force, etc.
La quintessence des défauts du
film est rassemblée dans le personnage de Josiane (Muriel Robin, qui cabotine
de façon insupportable) : à la fois caricatural et moralisateur, ce personnage n’a
aucune crédibilité et chaque mot qu’il prononce se veut une leçon de vie.
On notera néanmoins la rencontre
amoureuse qui est traitée, une fois n’est pas coutume, avec retenue : on
n’entendra jamais parler Mehdi, son rapprochement avec Élise étant évoqué en
mode mineur avec un tact appréciable, comme si Klapisch avait changé, le temps
de traiter ce sujet, son rouleau à peinture pour un pinceau plus fin.
Et, à la fin, Élise vit toujours
dans son bel appartement parisien (on se demande un peu quel chemin de vie âpre
et difficile elle a dû parcourir) et son père essuie une larmichette. Tout cela
est très gentillet et l’ambition de départ sérieuse et sincère est depuis
longtemps passée aux oubliettes.
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