Sous des dehors
faussement comiques, ce road-movie de Patrice Leconte, en suivant ces deux
personnages qui ne cessent de jouer de faux-semblants de plus en plus
intenables, saisit un peu de cette France froide, glauque, volontiers beauf, perdue
au fin fond des campagnes et des petites villes. Le regard est très dur, à la
fois sur ces provinces perdues et sur le ringard Mortez qui cabotine sans cesse,
cachant le vide de sa vie par la notoriété qui l’accompagne. La détestation du
personnage pour les provinciaux qui sont pourtant son public (comme le lui dit
le factotum Rivetot qui l’accompagne) va jusqu’à rendre ce personnage souvent pathétique
et parfois même pitoyable. Il sera sauvé par les dernières séquences qui le réhabilitent totalement de façon un peu surprenante.
Si Jean Rochefort
construit parfaitement son personnage et lui donne une belle épaisseur, on n’en
dira pas autant de Gérard Jugnot dont le personnage de Rivetot sert finalement
uniquement de faire-valoir. Il est vrai que Rivetot est assez creux, mais
Jugnot n’en fait à peu près rien. Les personnages qu’il interprète, bien
souvent, sont décrits immédiatement et ne sortent ensuite jamais de la petite case
où ils sont placés : un peu comique, un peu pathétique, souvent à la limite
du caricatural. Il manque à l’acteur, malgré tous ses efforts, de l’humanisme,
celui dont regorgent les grands acteurs à la tonalité volontiers comique, de Alberto
Sordi à Peter Sellers en passant par Toto.
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