Démarrant sur des thèmes très originaux, le film s’enrichit sans cesse, à mesure que Kaji, entrainé par son destin, rencontre des supérieurs tantôt tyranniques et cruels tantôt compréhensifs, des compagnons d’infortunes bornés et violents ou bien humains et emplis de bonne volonté. Réceptacle de l’humanité du réalisateur, traversant la guerre comme un chemin de croix, Kaji personnifie l’homme confronté à une société violente et à la guerre.
En ligne directe de Kurosawa, Kobayashi film avec lyrisme et emphase, donnant une impulsion forte à des images parfois très crues, construisant des séquences magnifiques et vibrantes.
Et Kaji, marqué par les coups qu’il reçoit, par les expériences qu’il traverse, par les illusions puis les désillusions, tantôt plein de foi en son prochain, tantôt plein de colère, porté par un espoir fou et par son amour pour Michiko, écrasé par la cruauté du Japon, rassemblant autour de lui tous les espoirs de ses camarades, prophète maudit (il y a du Job dans le personnage sur lequel le destin s’acharne), achève sa quête de façon poignante, à la fois très sombre mais philosophiquement très belle.
Tatsuya Nakadai fait une composition exceptionnelle (mais l’on sait le très grand talent de l’acteur), donnant une humanité extraordinaire à ce personnage, qui apparait d’abord porté par des idéaux presque naïfs, reste toujours digne et inflexible, puis s’endurcit et réagit comme il peu à la violence du monde.
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