samedi 7 janvier 2023

The Laundromat : L'Affaire des Panama Papers (The Laundromat de S. Soderbergh, 2019)

 



L’Affaire des Panama Papers entre dans ce genre un peu nouveau et qui se développe aujourd’hui – notamment sur les plateformes de vidéos à la demande – des films très ancrés dans l’actualité et qui la décrivent ou la dénoncent, tout en se voulant pédagogiques et explicatifs. Tantôt c’est la bourse qui est décryptée (dans The Big short : Le Casse du siècle), tantôt, comme ici, ce sont les sociétés écrans qui sont passées au crible.

Ces films se veulent à la fois décontractés et pédagogiques et procèdent de l’adresse directe au spectateur. Cette manière de briser le quatrième mur est très en vogue à Hollywood : c’est une évolution de l’idéologie du « coup de coude », où un personnage vient parler directement au spectateur en lui glissant un clin d’œil complice à défaut de pouvoir venir s’asseoir directement à ses côtés dans le fauteuil. Ici deux narrateurs viennent interrompre la narration et parler directement au spectateur, tout en croisant les personnages ou en sortant du décor. C’est en quelques sortes l’extension de ces répliques narquoises dont nous abreuvent les héros hollywoodiens (le super-héros Deadpool, avec toute sa vulgarité, se résumant finalement à cette manière de faire).

Cette technique du discours direct au spectateur permet de téléguider le ressenti du spectateur tout en l’aidant d’un casting ad hoc. Les deux narrateurs (qui sont aussi des personnages) viennent nous expliquer directement ce qu’il en est. Campés par Gary Oldman et Antonio Banderas, ils ont donc ce charme et cette séduction qui viennent contredire le cynisme de leurs bidouilles financières. Et c’est rien moins que Meryl Streep qui est la victime innocente de ces délinquants en col blanc.

Le film, alors, se résume à la description à la fois cynique et décontractée de ces arnaques montées en masse et révélées lors du scandale des Panama Papers.

Mais, derrière cette décontraction et cette application pédagogique, The Panama Papers reste très terne, sans âme – on a bien du mal à reconnaître la patte de Steven Soderbergh – et l’on oublie vite ses images. On peut en garder sa dénonciation ou son caractère explicatif mais ce serait bien peu attendre du cinéma que de s’en satisfaire.




 

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