lundi 9 janvier 2023

Beaucoup de bruit pour rien (Much Ado About Nothing de K. Branagh, 1993)

 



Adaptation appliquée et élégante de la pièce de Shakespeare, le film de Kenneth Branagh a le bon goût de laisser le maximum de place au texte.

C’est qu’il y a toujours une hésitation dans l’adaptation d’une pièce de théâtre au cinéma, qui est l’hésitation entre deux médias qui, s’ils ont beaucoup de gènes en communs, ne procèdent néanmoins pas de la même façon. Et, si le cinéma, par essence, peut faire éclater la scène de théâtre et s’en échapper, il y a le risque, toujours, de perdre la pureté du texte en s’en écartant trop.

Il y a alors une tension entre deux pôles opposés :

- L’adaptation peut être la plus discrète possible. Le cinéma ne devient alors qu’un medium au service d’un autre et les spécificités proprement cinématographiques sont évitées, au service de la pièce ou de son texte.

- Ou alors le cinéma – en tant que medium – se saisit du texte et de l’histoire pour les faire siens. Il transforme la pièce en un film, opérant une métamorphose au sens biologique du texte : de la même façon que lorsqu’une chenille se métamorphose en papillon des organes disparaissent et d’autres apparaissent, le film issu de la pièce fera disparaître certains éléments (souvent, a minima, une certaine unité et une certaine concision propres au théâtre), et en créera d’autres.


Ici Kenneth Branagh trouve un entre-deux équilibré ou il laisse la part belle au texte (avec de très bons interprètes) et son principal apport est de distiller une atmosphère qui sied très bien à la pièce d’origine.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire