mardi 19 décembre 2023

Bloody Sunday (P. Greengrass, 2002)

 



Film sec et précis comme un documentaire, Paul Greengrass, trente ans après les faits, propose une reconstitution minutieuse des évènements tragiques qui ont fait saigner l’Irlande protestante. Blooody Sunday scrute le déroulement de la terrible journée du 30 janvier 1972 avec l’emballement – montré comme inévitable – des militaires qui font feu.
Derrière la violence crue et donc l’accent réaliste qui donne une puissance visuelle incontestable, ce qui capte le spectateur, c’est cette manière de montrer l’injustice en train de se faire – avec cette réponse violente et disproportionnée face à des innocents.
Mais le film cible des responsabilités précises : il se dispense de peindre un David irlandais écrasé par un Goliath anglais qui serait d’un bloc. Il montre au contraire la faillite individuelle sur le terrain, les officiers dépassés dans leur QG, les confusions. Et il montre aussi combien la protestation irlandaise est confuse : une faction est nettement pacifique quand l’autre est pour la lutte armée.
De cet ensemble disparate mais très bien orchestré, Greengrass tire un film empli d’une tension grandissante et qui bientôt explose à l’image. Et si Bloody Sunday apparaît comme un témoignage historique et une œuvre en faveur de la paix, il le doit à cet aspect de documentaire pris sur le vif, à sa façon de replonger dans les tensions éprouvantes qui envahissaient alors les quartiers et à ce déchaînement d’actions qui, tout à coup, échappe à tout contrôle et frappe à tout-va.






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