
Force
majeure,
s’il dispose d’un scénario intéressant, pâtit d’une réalisation qui ne donne
aucune force au sujet. C’est bien dommage, avec la question que pose le film il y avait de quoi sonder les âmes de Philippe et Daniel, les
deux personnages rattrapés par leur passé. D’autant plus que, intelligemment,
le film dit très peu de Hans, personnage clef, que l’on voit à peine et que le
spectateur – comme les deux personnages d’ailleurs – connaissent mal.
Mais la
réalisation, si elle est appliquée, reste très terne. Il n’y a rien qui viennent épaissir,
dramatiser, faire gonfler d’effroi Philippe et Daniel qui, s’ils tergiversent, ne
sont pas fouillés jusqu’au plus profond d’eux-mêmes (ce que la situation,
pourtant, devrait provoquer)
Il faut dire
aussi que les personnages sont trop caricaturaux et qu’ils sont trop construits
en antinomie l’un par rapport à l’autre pour être vraiment crédibles (le
normalien parisien aspirant-chercheur opposé au chômeur lillois à la vie déjà
traversée de misère sociale). D’ailleurs quand ils se retrouvent après un an et
demi, ils n’ont plus grand-chose à se dire, tant leurs deux mondes
s’opposent. Et Daniel (François Cluzet, qui surjoue comme bien souvent) en
rajoute dans l’impulsivité irresponsable (l’achat d’un blouson neuf sitôt
l’argent encaissé est ridicule et fige son personnage).
La fin,
néanmoins, est réussie puisque l’incertitude de la réaction des deux
protagonistes (et donc de leur départ vers l’Asie) est conservée habilement
jusqu’au bout.
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