lundi 24 novembre 2025

Manchester by the Sea (K. Lonergan, 2016)

 



Très beau et très dur film de Kenneth Lonergan qui emporte le spectateur dans une petite communauté de marins-pêcheurs aux côtés de Lee, dont on comprend vite que le passé l’a ravagé. Une partie du film se fait d’ailleurs dans l’attente de ce qui a pu se passer autour du personnage alors que, dans le même temps, un autre drame se joue (la mort du frère de Lee qui se retrouve avec son neveu perdu au milieu).
Le film joue alors d’un montage savant pour entremêler des séquences en flash-backs qui, peu à peu, mènent jusqu’au moment du terrible drame. Lonergan choisit de le faire revenir à la mémoire de Lee lors d’un moment de crise (nouvelle crise donc) puisqu’il voit son neveu lui être confié par testament. Et le moment de drame – et quel drame ! –, s’il est amené au milieu d’un fait quotidien parfaitement banal, est surligné par l’adagio d’Albinoni dans un choix osé (tant la musique surligne les images) mais que Lonergan parvient à faire passer. On admire la dernière image de cette terrible séquence, avec les bateaux amarrés au port qui tanguent sous la neige.
Le film, pourtant, devient plus puissant encore lorsqu'il s'éloigne un peu de son personnage proincipal. Plutôt que de tourner presqu’exclusivement autour de Lee – personnage éteint et traumatisé qui mettra beaucoup de temps avant de montrer une quelconque fêlure comme indice d’humanité – le film devient brillant quand il fait un pas de côté pour montrer comment la vie dans la petite communauté parvient à repartir après le traumatisme. La rencontre entre Randi et Lee, à ce titre, est prodigieuse. C’est dans cette scène filmée au hasard d’une rencontre que la caméra vise juste en montrant comment la vie, peu à peu, malgré le passé, malgré les souffrances, malgré les contradictions (Randi qui aime Lee, avec qui plus rien n’est possible, envers et contre tout), la vie, donc, continue et reprend son cours, comme elle peut. Le fils aussi, malgré son deuil et sa vie paumée entre la petite communauté où il veut rester et Boston juste à côté, qui navigue d’une fille à l’autre, poursuivant à tâtons sa vie de jeune adulte, avec ses espoirs, ses colères, ses crises d’angoisse (la séquence du congélateur), tout cela est parfaitement saisi par la caméra de Lonergan. Plus, finalement, que Lee, fermé et impénétrable, chez qui la vie ne semble pas parvenir à repartir.
On notera combien les acteurs – avec Casey Affleck dans le rôle principal (l’acteur est parfait même si son personnage est un peu excessif dans son renfermement) – mais aussi dans les différents rôles secondaires, sont tout à fait remarquables.


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