mardi 16 octobre 2012

Haute pègre (Trouble in Paradise de E. Lubitsch, 1932)





Toute la subtilité précieuse et raffinée de Ernst Lubitsch est cristallisée dans Trouble in Paradise (1), pépite merveilleuse qui charme sans cesse à mesure qu’on le revoit.
De Venise à Paris, le spectateur évolue dans ce monde riche et voluptueux, suivant un escroc notoire et mondain, qui monte avec sa femme – espiègle voleuse elle aussi – une combine pour arnaquer dans les grandes largeurs une riche et jolie héritière. Le film, alors, plonge dans les délices classiques du triangle amoureux.


Ce n’est donc pas le scénario qui est délicieux ici, mais bien le style du film, avec la fameuse « Lubitsch touch », magnifiée ici. Il y a, à chaque plan, un rythme, une vivacité et un regard oblique sur chaque élément de l’intrigue. Le film multiplie les allusions, les ellipses, jouant avec les objets (le sac ou encore le fameux cendrier en forme de gondole), les dialogues pétillants et malicieux, les situations qui se croisent, se contredisent, se répondent (en fin de film les 100 000 francs qui sont successivement volés, puis rendus, puis repris, puis revolés puis rendus à nouveau !).



Bien entendu le code Hays censurera, après coup, un film qui met en avant, avec un tel délice, l’amoralité du vol et des voleurs. Car ce sont eux qui ont la belle vie, risquée mais truculente, à côté des fades riches qui se croisent dans les cocktails.
La comédie américaine tient là un des joyaux qui ont porté si haut le genre, à des années-lumière des comédies actuelles, empreintes le plus souvent d’une balourdise fatigante et vaine.



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(1) : le titre français semble si triste et terne pour un tel film.

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