Prototype du
film noir des années 40, Le Faucon
maltais, s’il n’est pas exempt de quelques défauts, distille toujours une
saveur délicieuse. Il institue la figure de Bogart – le légendaire
« privé » – qui installe à l’image son attitude si typique à la fois
cynique et romantique, désabusée et obstinée, avec son imperméable et sa
cigarette.
Mais les autres
rôles masculins sont extraordinaires et chacun des trois larrons qui
s’opposent à Sam Spade exprime un stéréotype de personnage que l’on
retrouvera : la fausseté étrange de Peter Lorre, la lourdeur visqueuse de
Sidney Greenstreet et la rage sèche de Elisha Cook. On n’en dira peut-être pas
autant de Mary Astor, qui reste en retrait par rapport aux femmes fatales ou
ambiguës qui peuplent le genre (de Barbara Stanwyck à Lauren Bacall, en passant
par Gene Tierney).
Si le film est
assez confus (mais on verra, avec Le Grand sommeil, que l’extrême confusion peut ne pas nuire à un film noir),
il est surtout un peu verbeux et, finalement, avare en rebondissements. Mais la
sauce prend si bien entre le jeu des acteurs, la photo très contrastée et la sécheresse de la narration (aucune scène n’est superflue et ne dévie les
personnages de leur quête) que cette multiplicité de scènes avec tous ces
personnages ambigus qui s’entremêlent est un vrai plaisir.
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