Film maudit et
célèbre de par son échec commercial et ses terribles conséquences sur la United
Artists qui finit ruinée (1). Michael Cimino, après son grand succès du Voyage au bout de l’enfer, se voit
confier un budget énorme pour un tournage sans limite : son ambition
extrême va ruiner la compagnie.
Mais il faut dire que le film, en
parallèle de ce destin industriel tragique (qui s’annonçait peut-être dès le
tournage), aborde de plein fouet un sujet difficile pour les Américains :
dans la droite ligne des westerns révisionnistes, Cimino montre les relations
complexes et violentes entre propriétaires terriens et immigrés qui viennent
s’installer. Il montre ainsi combien la Nation s’est bâtie sur des épisodes
sanglants et peu glorieux entre communautés.
Sur des thèmes fordiens (habituels du cinéaste), le film brasse donc des idées difficiles : en plus du massacre des Indiens (abordé par bien des westerns surtout à partir des années 70), voilà les spectateurs confrontés à d’autres massacres, qui viennent pointer du doigt là où ça fait mal. Si certains moments ont une humeur d’Americana, c’est une Americana douloureuse et le violent conflit (le récit revisite la Guerre du comté de Jonhson) apparaît inéluctable.
Sur des thèmes fordiens (habituels du cinéaste), le film brasse donc des idées difficiles : en plus du massacre des Indiens (abordé par bien des westerns surtout à partir des années 70), voilà les spectateurs confrontés à d’autres massacres, qui viennent pointer du doigt là où ça fait mal. Si certains moments ont une humeur d’Americana, c’est une Americana douloureuse et le violent conflit (le récit revisite la Guerre du comté de Jonhson) apparaît inéluctable.
Cimino, par-delà
le thème choisi, propose une fresque ample, lente, très longue, avec une
narration éclatée, des ellipses temporelles, des personnages aux histoires très
secondaires par rapport au récit principal et un ton parfois intime, parfois
épique. Visuellement le film est fulgurant : sa beauté plastique est
extraordinaire, avec une lumière diffuse qui envahit les plans.
Le naufrage
financier et critique du film constitue l'une des bornes finales du Nouvel Hollywood.
Après ce désastre les maisons de production reprendront définitivement la main sur les
réalisations (suivant une tendance de plus en plus manifeste depuis les cartons au box-office des Spielberg et autres Lucas) : il ne sera plus guère question de laisser les mains libres aux
réalisateurs (ces ambitieux prompts à dépenser sans compter).
(1) : Il y a
dans cet échec un triste symbole : dans la décennie des années 70, à Hollywood, la main
a été davantage donnée aux réalisateurs. C'est ce qui a constitué un vrai revirement par rapport aux périodes précédentes et qui fut au cœur du Nouvel
Hollywood. En effet le système hollywoodien a toujours privilégié une mainmise des maisons de productions (articulées autour des fameuses majors). Mais, parmi les maisons de productions, la United Artists avait été créée en marge des majors précisément dans le but de permettre, tant que faire ce peut, une plus grande indépendance artistique aux
réalisateurs. Las, c’est précisément cette compagnie qui ne survivra pas à la
décennie où les réalisateurs ont le plus eu les coudées franches. Ensuite, dans
les années 80, les majors ont sifflé la fin de la récréation et le système est
redevenu ce qu’il était : une industrie tournée entièrement vers un souci
de rentabilité et un moindre intérêt artistique.
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