Le second film
de Orson Welles, déjà, subit les foudres des studios et la légende de l’artiste
maudit se fait jour. Il est vrai qu’après Citizen Kane, Welles et les studios entretiendront des relations orageuses (les
studios ne voyant pas d’un très bon œil ses films à visées bien peu
commerciales, Welles lui-même, par son caractère et son égo, ne contribuant
guère à apaiser les relations). La
Splendeur des Amberson, tel que le film nous est donné à voir, apparaît
ainsi bien éloigné de l’idée de Welles. La fin initiale, en particulier, jugée
trop déprimante (la vieillesse y était montrée sans concession), a été coupée et
les bobines ont été perdues. Le film d’une durée initiale de deux heures trente
a été réduit à une durée d’environ une heure et demie. C’est que la pré-projection
fut catastrophique et la RKO remonta le film en urgence, tout à fait hors du contrôle
de Welles (lui qui donnait au montage une place si primordiale (1)).
À la différence
de Citizen Kane, le récit est ici
beaucoup plus conventionnel et Welles nous plonge dans la déchéance d’une
grande famille. Il donne ainsi à voir la ruine des Amberson qui se meurent à coups d’arrogance. Tout autant que le
récit, c’est la mise en scène baroque de Welles qui retient l’intention (2).
Mais cette mise
en scène, pour inventive et spectaculaire qu’elle puisse être (richesse des
plans séquences et de la profondeur de champ, cadrages intégrant les plafonds,
contre-plongées fréquentes, saturation du cadre, etc.), reste au service de
l’histoire : la saga familiale se double d’une histoire d’amour
impossible, de haines féroces et d’une analyse sociale juste (la fin de la vieille
famille aristocratique au profit d’une nouvelle famille bourgeoise). Et Welles
excelle à mettre en lumière les différents personnages, des plus aimables aux
plus haïssables.
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(1) : Welles
disait à ce propos : « le seul endroit
où j’exerce un pouvoir absolu est la salle de montage ».
(2) : avec
un réalisateur tel que Welles, peut-on réellement dissocier récit et mise en
scène ? André Bazin nous dit bien que « la
technique n’est pas seulement une autre façon de mettre le récit en scène, elle
met en cause la nature même du récit ».
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