Grand film de Fritz Lang qui, après Fury, continue de taper sur la société américaine (et, à travers elle, sur la société en général) : ici ce n’est
plus une foule qui se déchaîne, c’est la société elle-même qui rejette Eddie
Taylor, l’empêche de se réinsérer et ne lui donne aucune chance.
Eddie Taylor (excellent Henry Fonda, dont la douceur de jeu
convient très bien) est un détenu libéré mais il est surtout un homme bon qui
cherche à réintégrer la société. Mais celle-ci va s’acharner sur elle, de même
qu’une malchance qui vient enfoncer le couple (Eddie n’est guère soutenu que
par sa femme) et, très vite, on comprend que Lang ne laisse aucune issue à son
personnage et que le happy end (qui lui avait été imposé sur Fury) ne sera pas de mise ici.
Eddie est finalement condamné à mort pour un crime qu’il n’a
pas commis, et la fin dramatique (qui montre combien, malgré sa volonté de s’amender,
il a été détruit par la société), est inéluctable. Le pessimisme de Lang s’exprime
pleinement au travers de cet homme qui ne parvient jamais à s’extraire de la
fatalité qui l’accable.
La mise en scène est classique, sobre mais extrêmement efficace (il enferme constamment Eddie dans des cadres qui l'emprisonnent).
Lang distille malgré tout quelques séquences au style délibérément plus
expressionniste (lors de la séquence de la prison en fin de film). L’ensemble
est totalement maîtrisé (on retrouve la maestria de Fury) et Lang montre combien il est capable d’emmener l’émotion du
spectateur précisément pour appuyer ici son idée d’une société responsable, in
fine de la perte d’un homme qui voulait se racheter.
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