Célébrissime
film de Alfred Hitchcock qui continue d’innover et de chercher à surprendre le
spectateur. Il démarre ici sur une thématique déjà croisée (l’exploration d’un
espace mental – ici celui de Melanie – rappelant Vertigo, Psychose ou
encore Marnie) mais qui prend une
tournure fantastique étonnante au fur et à mesure de l’avancée du récit.
Le film, comme
Hitchcock sait si bien le faire, commence sur des bases bien différentes de là
où nous emmènera le récit (sans aller jusqu’à une rupture totale comme dans Psychose). Il nous intéresse à Melanie (Tippi Hedren),
en fait un portrait somme toute très négatif (à tel point que la première
attaque de mouette semble une punition dirigée précisément contre elle), en la montrant jusqu’alors imbue d’elle-même, hautaine, affabulatrice et capricieuse.
C’est elle le centre du récit, dans son rapport à Mitch, puis dans la famille
de Mitch où le tableau se complexifie
puisque Melanie est présentée en rivale de la mère de Mitch. Mais, dans le même
temps, on apprend que Melanie a souffert de l’absence d’affection de sa mère. L’évolution
de la situation (due aux attaques d’oiseaux qui se multiplient), va permettre à
Melanie de changer du tout au tout, en abandonnant progressivement sa carapace distante,
jusqu’à l’attaque finale dans la chambre, filmée comme un viol. Les scènes qui suivront
accompagneront une renaissance à venir qui sera celle d’une autre Melanie.
Hitchcock
parsème son récit de touches angoissantes qui prennent place progressivement
(depuis les premières mouettes du premier plan), jusqu’à ce que les oiseaux
envahissent tout le cadre ou que l’horreur de leurs attaques s’invite dans le
cadre (le fermier trouvé mort, avec des plans rapprochés de son visage). Le
climax sera atteint avec l’assaut final où les oiseaux retrouveront une part
effrayante de hors champ (avec les coups de becs qui crèvent petit à petit les
panneaux de bois).
Plusieurs séquences
sont ainsi légendaires, en particulier celle de l’école. Melanie attend que la
classe se termine, elle s’assoit le temps de fumer une cigarette et les oiseaux
s’amoncellent peu à peu sur le portique derrière elle. La construction de
la scène est parfaite, donnant à voir au spectateur ce que Melanie ne voit pas, en alternant
les cadrages, jusqu’à ce que le regard de Melanie suive un corbeau et l’amène jusqu’au
portique couvert d’oiseaux.
L’aspect
fantastique est recherché par Hitchcock qui emmènera son idée jusqu’au bout :
rien ne viendra rassurer le spectateur en donnant une explication rationnelle
aux attaques d’oiseaux (les discussions dans le bar à ce propos se contentant
de refléter des réactions d’habitants). Les attaques d’oiseaux s’amplifient,
sont coordonnées, mais on ne saura rien de ce qui les détermine.
Le film prend
alors une dimension originale, en montrant l’affrontement entre l’espèce
humaine et son environnement qui l’attaque. Il est alors, en quelque sorte, le
premier film sur le thème de « la nature se venge », annonçant les
films écologiques ou apocalyptiques qui fleuriront à partir des années 70 (le
très médiocre Phénomènes de M. N.
Shyamalan en étant un exemple récent ou, bien entendu, l’assaut final d’Avatar).
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