mardi 6 novembre 2012

Les Oiseaux (The Birds de A. Hitchcock, 1963)




Célébrissime film de Alfred Hitchcock qui continue d’innover et de chercher à surprendre le spectateur. Il démarre ici sur une thématique déjà croisée (l’exploration d’un espace mental – ici celui de Melanie – rappelant Vertigo, Psychose ou encore Marnie) mais qui prend une tournure fantastique étonnante au fur et à mesure de l’avancée du récit.
Le film, comme Hitchcock sait si bien le faire, commence sur des bases bien différentes de là où nous emmènera le récit (sans aller jusqu’à une rupture totale comme dans Psychose). Il nous intéresse à Melanie (Tippi Hedren), en fait un portrait somme toute très négatif (à tel point que la première attaque de mouette semble une punition dirigée précisément contre elle), en la montrant jusqu’alors imbue d’elle-même, hautaine, affabulatrice et capricieuse. C’est elle le centre du récit, dans son rapport à Mitch, puis dans la famille de Mitch où le tableau se complexifie puisque Melanie est présentée en rivale de la mère de Mitch. Mais, dans le même temps, on apprend que Melanie a souffert de l’absence d’affection de sa mère. L’évolution de la situation (due aux attaques d’oiseaux qui se multiplient), va permettre à Melanie de changer du tout au tout, en abandonnant progressivement sa carapace distante, jusqu’à l’attaque finale dans la chambre, filmée comme un viol. Les scènes qui suivront accompagneront une renaissance à venir qui sera celle d’une autre Melanie.


Hitchcock parsème son récit de touches angoissantes qui prennent place progressivement (depuis les premières mouettes du premier plan), jusqu’à ce que les oiseaux envahissent tout le cadre ou que l’horreur de leurs attaques s’invite dans le cadre (le fermier trouvé mort, avec des plans rapprochés de son visage). Le climax sera atteint avec l’assaut final où les oiseaux retrouveront une part effrayante de hors champ (avec les coups de becs qui crèvent petit à petit les panneaux de bois).
Plusieurs séquences sont ainsi légendaires, en particulier celle de l’école. Melanie attend que la classe se termine, elle s’assoit le temps de fumer une cigarette et les oiseaux s’amoncellent peu à peu sur le portique derrière elle. La construction de la scène est parfaite, donnant à voir au spectateur ce que Melanie ne voit pas, en alternant les cadrages, jusqu’à ce que le regard de Melanie suive un corbeau et l’amène jusqu’au portique couvert d’oiseaux.



L’aspect fantastique est recherché par Hitchcock qui emmènera son idée jusqu’au bout : rien ne viendra rassurer le spectateur en donnant une explication rationnelle aux attaques d’oiseaux (les discussions dans le bar à ce propos se contentant de refléter des réactions d’habitants). Les attaques d’oiseaux s’amplifient, sont coordonnées, mais on ne saura rien de ce qui les détermine.
Le film prend alors une dimension originale, en montrant l’affrontement entre l’espèce humaine et son environnement qui l’attaque. Il est alors, en quelque sorte, le premier film sur le thème de « la nature se venge », annonçant les films écologiques ou apocalyptiques qui fleuriront à partir des années 70 (le très médiocre Phénomènes de M. N. Shyamalan en étant un exemple récent ou, bien entendu, l’assaut final d’Avatar).

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