Après avoir
exploré l’enfance, la mort ou le couple, Pialat tourne sa caméra sur l’adolescence
et livre un film fort, violent, tourmenté et complexe sur cette période
elle-même forte, tourmentée et complexe. Il scrute ainsi, avec son acuité
extraordinaire, les tourments de Suzanne, qui ne sait que faire de ses quinze
ans, écartelée entre des pulsions de vie et d’amour qui ne parviennent pas à
s’exprimer et perdue au milieu d’une famille qui explose (avec le père, à la
fois central et terrible).
Si le film démarre avec une image lumineuse et candide (la première séquence sur le bateau), tout se disloque ensuite progressivement : Suzanne se refuse à celui pour lequel elle a des sentiments puis multiplie les rencontres d’un soir, sans intérêt, sans âme. Parallèlement le père s’efface du récit et laisse la famille en plan, avec une mère hystérique et un grand frère violent qui ne sait comment compenser ce départ. Alors Suzanne erre, titube, et le masque de tristesse de Sandrine Bonnaire (tristesse teintée d’indifférence) prend de plus en plus de place sur ce visage déjà las.
Si le film démarre avec une image lumineuse et candide (la première séquence sur le bateau), tout se disloque ensuite progressivement : Suzanne se refuse à celui pour lequel elle a des sentiments puis multiplie les rencontres d’un soir, sans intérêt, sans âme. Parallèlement le père s’efface du récit et laisse la famille en plan, avec une mère hystérique et un grand frère violent qui ne sait comment compenser ce départ. Alors Suzanne erre, titube, et le masque de tristesse de Sandrine Bonnaire (tristesse teintée d’indifférence) prend de plus en plus de place sur ce visage déjà las.
Et Pialat,
fidèle à sa façon de filmer, construit son film autour de blocs de temps,
organisés en moments forts, avec des explosions verbales, des déchaînements,
des surprises, des incompréhensions et il scrute toujours plus profondément
chaque scène pour parvenir au cœur de chaque personnage.
Le film est marqué par une incroyable scène de repas de famille, largement improvisée (la méthode Pialat, entre écriture et improvisation, produisant des moments inouïs), où le père (joué par Pialat lui-même) débarque tout à coup, à la surprise des personnages (et des acteurs, qui ignoraient l’intention de Pialat). Il s’ensuit une confrontation violente et lapidaire, dans ce style si particulier, avec une improvisation qui dure, Pialat semblant ne jamais vouloir couper sa caméra.
Le film est marqué par une incroyable scène de repas de famille, largement improvisée (la méthode Pialat, entre écriture et improvisation, produisant des moments inouïs), où le père (joué par Pialat lui-même) débarque tout à coup, à la surprise des personnages (et des acteurs, qui ignoraient l’intention de Pialat). Il s’ensuit une confrontation violente et lapidaire, dans ce style si particulier, avec une improvisation qui dure, Pialat semblant ne jamais vouloir couper sa caméra.
Ces blocs de
temps filmés dans de longues séquences, Pialat les raccorde par un montage
brusque, où il associe des atmosphères et des tons, bien plus qu’il ne respecte
une logique scénaristique (par exemple, dans la première séquence sur le
bateau, Pialat n’hésite pas à interrompre un personnage au beau milieu d’une
phrase).
La complicité
entre Pialat et sa jeune actrice a incité Pialat à prendre le rôle du père et à
l’étoffer. Cette complicité est aussi celle, complexe et contradictoire, de
Suzanne et de son père. Pialat filme merveilleusement ces moments où l’un et
l’autre se parlent, comme il met en lumière parfaitement les états d’âme de son
héroïne, tantôt en la prenant dans les raies de lumière du jour finissant,
tantôt dans une ruelle sombre, tantôt avec une froideur particulière qui est
celle de son cœur qui ne parvient pas encore (ou déjà plus) à aimer.
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