Avec The Lodger, Alfred Hitchcock, après
avoir réalisé trois films, franchit une étape importante : à travers ce récit
adapté de l’histoire de Jack L’Éventreur, se mettent en place à la fois des
thématiques que l’on retrouvera tout au long de son œuvre futur, mais aussi un style
et un ton qui sera si caractéristique.
On retrouve en effet
ce grand thème du faux-coupable qui sera comme un grand fil rouge à travers
bien des films (et bien des chefs-d’œuvre) d’Hitchcock. Ici le doute s’installe
très vite sur l’identité de ce mystérieux locataire (qui semble tout faire pour
paraître suspect) et Hitchcock s’amusera à emmener ce doute le plus loin
possible.
Le film ensuite,
montre la maestria d’Hitchcock et son inventivité de metteur en scène, depuis
la première séquence magistrale qui installe un climat d’angoisse en quelques plans
fixes, jusqu’à la célèbre séquence où la logeuse entend son locataire arpenter
le plafond. Dans cette séquence, Hitchcock utilise un plafond de verre et le spectateur
voit – puisque le film est muet – ce que la logeuse entend (Hitchcock
détaille fièrement l’astuce technique auprès de Truffaut dans ses entretiens).
Le film est donc l’occasion d’expérimentations visuelles qui sont une
démonstration (toujours faite, on le voit, au service de la narration) de l’art
déjà très abouti d’Hitchcock. Et il joue aussi – déjà – à mener son
spectateur par le bout du nez, le laissant sur la corde raide de l’incertitude
quant à la culpabilité du locataire. Il met ainsi en place toute une série d’images
qui jouent comme autant de symboles.
Hitchcock,
enfin, change de ton avec aisance (encore une caractéristique fameuse du
maître, qui aimait tant mettre une distance ironique dans ses films) passant de
l’horreur pure (la scène d’ouverture), à la comédie romantique, pour mieux
revenir à un suspense purement policier.
On notera que Hitchcock
refera un film très proche en terme de thématique : l’arrivée dans une
petite pension de famille tranquille d’un locataire qui sème un désordre (et
dont la fille de la maison s’éprend) et autour duquel le doute s’installe, sera
le cœur même de L’Ombre d’un doute, avec
le fameux oncle Charlie venu rendre visite à sa famille.
Si la thématique de Jack l'éventreur sera souvent reprise au cinéma, on retiendra les bonnes versions de J. Brahm (Jack l'Éventreur) en 1944 et de H. Fregonese (Man in the Attic) en 1953.
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