Très important
film de Renoir, qui aura une importance capitale dans le cinéma européen, Toni
marque une rupture chez Renoir et annonce de grands chefs-d’œuvre à venir.
Renoir filme en Provence, sur les terres de Pagnol (Pagnol qui finance le film,
propose son équipe technique et même des acteurs).
Si la trame est
simple (Toni, fraîchement débarqué d’Italie, se lie avec sa logeuse mais en
aime une autre), Renoir filme l’impasse dans laquelle sont enfermés les
personnages avec une tension et une rugosité qui semblent liées à l’univers
social, lui-même contraint par la nature qui les environne. C’est ainsi que les
accents, le vent dans les herbes, les moments de vie, les paysages prennent une
dimension particulière.
Et si le film
n’a pas le chatoiement de Partie de campagne, ce n’est pas tant que l’histoire s’y prête moins (elle est ici
bien plus sordide) que parce que l’humeur de la Provence n’est pas celle du
bord de l’eau champêtre de Maupassant. Or le génie de Renoir est précisément
dans cette façon de saisir une ambiance, une diaprure, ou d’une teinte
particulière d’un endroit ou d’un moment pour en faire vibrer l’image.
Visconti,
assistant de Renoir sur ce film, saura retenir du maître cette attention au
réel, cette façon de saisir l’humeur d’un pays, d’une parole ou d’un geste et
de le raccorder à un univers. C’est ainsi que ce film est souvent cité comme
précurseur des grands films italiens néo-réalistes de Rossellini, De Sica ou,
bien entendu, Visconti.
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