vendredi 22 mars 2013

Faust, une légende allemande (Faust - Eine deutsche Volkssage de F. W. Murnau, 1926)




D’une ambition et d’une inventivité extraordinaire, Murnau faire étalage, dans ce Faust incroyable, de tout l’art et de toute l’inventivité possible, assis sur une maîtrise technique totale.
Faust, pris dans le piège de la tentation, rompra au dernier moment son pacte diabolique – trouvant ainsi le salut – par l’amour, en se sacrifiant. Lui qui était d’abord passé pour un prophète guérisseur grâce à Méphisto, achève son chemin christique par son sacrifice contre Méphisto. Car si Faust a conclu son pacte pour sauver les hommes, il se compromet ensuite, tenté par le Diable. Et Murnau, avec facilité, passe du grotesque au lyrique puis au tragique.
L’esthétique clair-obscur prodigieuse et fascinante y apparaît comme un aboutissement de l’expressionisme de Murnau (il part ensuite travailler aux Etats-Unis). On comprend que Rohmer, dans son analyse du film, compare l’image à une composition picturale : avec Murnau, c’est le monde lui-même qui est traité comme une vaste peinture. Il s’est d’ailleurs inspiré des représentations iconographiques traditionnelles pour construire les siennes, utilisant la pellicule comme une toile.

Les trucages multiples et variés, les angles de caméras, les travellings, les jeux avec le temps (le sablier qui mesure le temps qu’il reste à Faust avant de compromettre son âme) aussi bien qu’avec l’espace sont sublimes.
Murnau use de tous les trésors du cinéma pour donner à Méphisto et à l’archange une irréalité envahissante, folle et démesurée, avec par exemple cette image maléfique de la cape de Méphisto s'étendant sur la ville pour y répandre la peste.


Et, par la grâce de ces effets, le Bien et le Mal apparaissent moins opposés qu’ils ne le sont et le tout constitue une espèce de poème métaphysique, le noir et le blanc se fondant en des brumes, des vibrations, des envoûtements.


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