D’une ambition
et d’une inventivité extraordinaire, Murnau faire étalage, dans ce Faust incroyable, de tout l’art et de
toute l’inventivité possible, assis sur une maîtrise technique totale.
Faust, pris dans
le piège de la tentation, rompra au dernier moment son pacte diabolique –
trouvant ainsi le salut – par l’amour, en se sacrifiant. Lui qui était d’abord passé
pour un prophète guérisseur grâce à Méphisto, achève son chemin christique par
son sacrifice contre Méphisto. Car si Faust a conclu son pacte pour sauver les
hommes, il se compromet ensuite, tenté par le Diable. Et Murnau, avec facilité,
passe du grotesque au lyrique puis au tragique.
L’esthétique clair-obscur
prodigieuse et fascinante y apparaît comme un aboutissement de l’expressionisme
de Murnau (il part ensuite travailler aux Etats-Unis). On comprend que Rohmer,
dans son analyse du film, compare l’image à une composition picturale :
avec Murnau, c’est le monde lui-même qui est traité comme une vaste peinture.
Il s’est d’ailleurs inspiré des représentations iconographiques traditionnelles
pour construire les siennes, utilisant la pellicule comme une toile.
Les trucages
multiples et variés, les angles de caméras, les travellings, les jeux avec le
temps (le sablier qui mesure le temps qu’il reste à Faust avant de compromettre
son âme) aussi bien qu’avec l’espace sont sublimes.
Murnau use de
tous les trésors du cinéma pour donner à Méphisto et à l’archange une irréalité
envahissante, folle et démesurée, avec par exemple cette image maléfique de la
cape de Méphisto s'étendant sur la ville pour y répandre la peste.
Et, par la
grâce de ces effets, le Bien et le Mal apparaissent moins opposés qu’ils ne le
sont et le tout constitue une espèce de poème métaphysique, le noir et le blanc
se fondant en des brumes, des vibrations, des envoûtements.
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