Étonnant western de Nicholas Ray,
qui s'appuie sur des couleurs flamboyantes et baroques et sur un argument
original. Délaissant les thèmes traditionnels, qui sont rejetés en marge du
récit, Johnny Guitar est d'abord un magnifique mélodrame. Et Nicholas Ray va
plus loin puisque le moteur dramatique du récit est un affrontement entre deux
femmes, hautes en couleurs, très déterminées, jalouses, fortes et haineuses.
L'une (Vienna, Joann Crawford) et l'autre (Emma, Mercedes McCambridge) vont
permettre l'avancée réelle du récit, en décidant et agissant, deux rôles
dévolus aux hommes dans le western.
Johnny Guitar (très bon Sterling
Hayden), lui, malgré le titre du film, reste longtemps en retrait, comme
spectateur du drame qui se noue, mais sa relation avec Vienna va
progressivement s'intensifier. Fondé sur un amour passé qui se rallume, leur
relation complexe, marquée par une rupture passée, nous vaut une scène
magnifique, marquée d'une prière éblouissante (« Dis-moi un mensonge, dis-moi que toutes ces années tu m'as
attendu. Dis-le-moi... »).
Nicholas Ray abandonne tout
classicisme et traite ces thèmes avec un lyrisme éblouissant, jouant sur
l'éclairage, les couleurs, les décors (cet étonnant saloon, à demi encastré
dans la roche), les costumes ou le maquillage. Mais il joue aussi d'angles de
prise de vue outrés, de mouvements de caméra surprenants, allant jusqu'à des
scènes filmées caméra sur l'épaule.
L'ensemble donne un western qui
souffle une incandescence surprenante, avec un lyrisme outré, une émotion à
fleur de peau et un onirisme puissant, lié au décalage entre le rendu de
l'image et les images conventionnelles du western, qui hantent le spectateur.
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