Jean Renoir transpose
dans le Paris des années 30 une pièce de Gorki et en fait un manifeste
largement influencé par le Front populaire. Renoir adapte Gorki et met partout
sa vision cinématographique : il en ressort une œuvre hybride, à mi-chemin
entre la pièce russe et des thèmes alors chers au réalisateur : un regard
naturaliste sur la vie sordide de la cave de l’usurier, une opposition de classes
– quand bien même le baron est désargenté –, un meurtre final justifié (comme dans
Le Crime de Monsieur Lange).
Par petites
touches, comme il le fait si bien, avec une inventivité de caméra permanente,
en insérant des respirations pour sortir de la cave sordide où l’action se
déroule (la séquence au bord du canal), Renoir compose un film qui ne vieillit
pas, qui garde son charme avec cette image qui vibre et s’anime sous nos yeux.
Et il s’appuie parfaitement sur Jouvet et Gabin (il s’agit de l’unique affiche partagée par les deux acteurs) qui sont parfaits, bien que dans des registres complètement différents (cette différence de jeux éclate à l’écran).
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