Pour son premier
long métrage, Buster Keaton reprend la trame générale d’Intolérance de Griffith en s’amusant à représenter un triangle
amoureux à trois époques différentes (la préhistoire, l’époque romaine et
l’époque contemporaine), comme une expression directe de l’universalité de ces
jeux d’amour.
Keaton fait se
confronter l’aventurier et l’adorateur fidèle pour conquérir le cœur de la
Belle (et convaincre le futur beau-père) : il reprend ainsi les deux
grandes images masculines produites par le cinéma américain et souvent mises en
scène dans le western.
Il s’ensuit un
grand montage en parallèle, au cours duquel Keaton donne toute son énergie dans
des scènes burlesques qui se succèdent, avec cette adaptation si drôle à chaque
époque. Pour l’époque préhistorique, Keaton s’en donne à cœur joie, en
n’hésitant pas à se promener à dos de Diplodocus, le gourdin à la main, avec sa
tunique en peau de bêtes. Et il multiplie les détails anachroniques, les
costumes ridicules, les parodies, et bien sûr, les acrobaties, avec toujours
des gags réglés comme des horloges suisses.
Keaton égratigne
aussi bien la grandiloquence du cinéma (faisant le pastiche de Griffith, la critique se fait mordante) que les conventions sociale et il
secoue la morne normalité de la vie des hommes (il faut voir Keaton/Daniel faisant une manucure
au lion). La (triple) séquence finale est admirable de drôlerie.
Par ce premier
film (dont on retrouve la trace jusque dans Les Monty Python), Buster Keaton
pose sa première pierre (déjà angulaire) dans le cinéma burlesque.
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