vendredi 26 juillet 2013

Bellissima (L. Visconti, 1951)




Très beau film rendu inoubliable par le portrait de femme que peint Visconti. Il dispose en Anna Magnani d’une interprète exceptionnelle, virevoltante, touchante, mélange de lucidité et de crédulité, de mauvaise foi et de beaux principes, colérique et humaine. Maddalena apparaît longtemps insubmersible dans sa volonté de parvenir à faire sélectionner sa fille pour une audition, avant, toute honte bue, de se déciller brusquement et de se détourner de son rêve de cinéma.
Le regard sur la Cinecittà est cruel, dans les illusions que fait naître le studio (consciemment ou non d’ailleurs, parce qu’au profiteur Annovazzi répondent l’honnêteté et la bonne foi de Blasetti). Il montre l'impact de l'usine à rêves sur les plus humbles, les plus démunis, à la fois fascinés et horrifiés par la gigantesque machine.
Visconti exprime aussi parfaitement l’amour des italiens pour le cinéma, d’une part avec ce rêve fou de passer devant la caméra mais aussi par l’omniprésence du cinéma dans leur vie. Il rappelle ainsi que les Italiens, depuis les premières heures du cinéma sont, avec les Français et les Américains, parmi les plus grands adorateurs du septième art.
La remarque finale de Maddalena sur la belle voix de Burt Lancaster, qui résonne depuis le cinéma en plein air sur la place juste à côté, alors même qu’elle pleure ses sacrifices inutiles dans les bras de son mari, prend un relief particulier quand on sait, aujourd’hui, les films exceptionnels que tournera l’acteur sous la direction de Visconti.



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