Très beau film rendu
inoubliable par le portrait de femme que peint Visconti. Il dispose en Anna Magnani
d’une interprète exceptionnelle, virevoltante, touchante, mélange de lucidité
et de crédulité, de mauvaise foi et de beaux principes, colérique et humaine. Maddalena
apparaît longtemps insubmersible dans sa volonté de parvenir à faire sélectionner
sa fille pour une audition, avant, toute honte bue, de se déciller brusquement et de se détourner de son rêve de cinéma.
Le regard sur la
Cinecittà est cruel, dans les illusions que fait naître le studio (consciemment
ou non d’ailleurs, parce qu’au profiteur Annovazzi répondent l’honnêteté et la bonne
foi de Blasetti). Il montre l'impact de l'usine à rêves sur les plus humbles, les plus démunis, à la fois fascinés et horrifiés par la gigantesque machine.
Visconti exprime
aussi parfaitement l’amour des italiens pour le cinéma, d’une part avec ce rêve
fou de passer devant la caméra mais aussi par l’omniprésence du cinéma dans leur
vie. Il rappelle ainsi que les Italiens, depuis les premières heures du cinéma
sont, avec les Français et les Américains, parmi les plus grands adorateurs du septième art.
La remarque finale
de Maddalena sur la belle voix de Burt Lancaster, qui résonne depuis le cinéma
en plein air sur la place juste à côté, alors même qu’elle pleure ses sacrifices
inutiles dans les bras de son mari, prend un relief particulier quand on sait, aujourd’hui,
les films exceptionnels que tournera l’acteur sous la direction de Visconti.
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