Très important
film de Ford, qui constitue le premier de ses trois films consacrés à la
cavalerie (le deuxième, La Charge héroïque en est une quasi-suite). Le film est d’importance car il est le premier où les Indiens deviennent
des interlocuteurs dignes de confiance et de respect (tout au moins selon le
point de vue du capitaine Kirby York, dont l’opinion sera ignorée par le borné
Thursday). Jusqu’alors les Indiens n’étaient que des sauvages dévalant de la
colline, ici, au travers de Cochise, ils deviennent des ennemis respectables.
Mais le colonel Thursday – version fordienne de Custer –
campe lui sur l’ancienne vision raciste et reste cantonné aux anciennes représentations.
Le général Custer
apparaissait jusqu’à présent sous les traits d’Errol Flynn dans la très belle
Charge fantastique de Raoul Walsh. Si le film est admirable, en revanche Custer
ressemblait en réalité bien peu à ce héros hollywoodien intègre et plein d’allant. Ford le
dépeint sous les traits d’un soldat borné, raciste, et qui mènera
ses hommes dans une mission suicide.
Ce premier regard
de Ford sur la cavalerie lui permet de conjuguer différents points de
vue : la cavalerie apparaît comme le creuset communautaire, celui dans lequel les différentes communautés vont pouvoir se fondre et se souder – thème
fordien s’il en est. Les simples soldats ou les moins gradés sont valeureux
mais le commandant de la place, lui, est incapable de comprendre les peuples et
ne peut mener qu’à l’échec et à la guerre. En parallèle Ford montre des Indiens
intègres, trahis par Thursday et qui sont acculés à la guerre. Bien loin de
faire un peu naïvement l’éloge de la cavalerie, la réflexion de Ford est, comme
toujours nuancée et complexe.
Le film se
termine par un premier jalon dans la réflexion de Ford concernant l’écart entre
la réalité et la légende, lorsque York explique que Thursday est mort
héroïquement. Cette réflexion sera évidemment reprise et théorisée pleinement
dans L’Homme qui tua Liberty Valance.
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