vendredi 30 août 2013

Le Pays de la violence (I Walk the Line de J. Frankenheimer, 1970)




Intéressant film de Frankenheimer, différent des films brillants qu’il a pu faire dans les années 60 (son style s’est maintenant très assagi) et bien plus intéressant que nombre de films qu’il fera plus tard. A partir d’un ressort classique (un sheriff entre deux âges happé par le charme d’une jeune fille qui fait partie d’une famille de trafiquants), le film distille un malaise constant.
On voit très vite et très nettement ce que le sheriff Tawes (impeccable Gregory Peck) ne voit pas : Alma, la jeune fille pimpante, est un appât destiné à le corrompre. Le film, alors, resserre peu à peu son étreinte, à mesure que Tawes s’illusionne, et il se dirige fatalement vers une issue tragique et déchirante.
Frankenheimer dresse un portrait d’une bourgade perdue, qui est comme une face cachée que l’Amérique n’aime pas voir, Amérique repliée sur elle-même, emplie de vieux, où la vie s’est arrêtée et qui s’accroche à des baraques de tôles et des distilleries clandestines. La voix mélancolique de Johnny Cash enveloppe tout cela d’une nostalgie triste et désespérée.



On notera que le titre original (I Walk the Line) est bien plus pertinent que celui proposé en français : le franchissement de ligne jaune qu’il évoque correspond tout à fait aux tiraillements de Tawes, coincé entre le poids de cette vie minable et sa tentation de tout plaquer pour partir avec Alma.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire