Intéressant film
de Frankenheimer, différent des films brillants qu’il a pu faire dans les
années 60 (son style s’est maintenant très assagi) et bien plus intéressant que
nombre de films qu’il fera plus tard. A partir d’un ressort classique (un
sheriff entre deux âges happé par le charme d’une jeune fille qui fait partie
d’une famille de trafiquants), le film distille un malaise constant.
On voit très
vite et très nettement ce que le sheriff Tawes (impeccable Gregory Peck) ne
voit pas : Alma, la jeune fille pimpante, est un appât destiné à le
corrompre. Le film, alors, resserre peu à peu son étreinte, à mesure que Tawes
s’illusionne, et il se dirige fatalement vers une issue tragique et déchirante.
Frankenheimer
dresse un portrait d’une bourgade perdue, qui est comme une face cachée que
l’Amérique n’aime pas voir, Amérique repliée sur elle-même, emplie de vieux, où
la vie s’est arrêtée et qui s’accroche à des baraques de tôles et des
distilleries clandestines. La voix mélancolique de Johnny Cash enveloppe tout
cela d’une nostalgie triste et désespérée.
On notera que le
titre original (I Walk the Line)
est bien plus pertinent que celui proposé en français : le franchissement
de ligne jaune qu’il évoque correspond tout à fait aux tiraillements de Tawes,
coincé entre le poids de cette vie minable et sa tentation de tout plaquer pour
partir avec Alma.
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