Film unique et
qui détonne dans le paysage du cinéma français d’avant-guerre, L’Atalante est une balade poétique, qui
s’intéresse assez peu à la narration pour s’attarder sur des moments au fil de
l’eau, sur un personnage, sur une ginguette ou sur un port désaffecté. Cette
distance prise avec la narration est en rupture totale avec la majeure partie
des films de l’époque. La minceur du scénario devient ainsi pour Jean Vigo la
possibilité d’une liberté totale, et il se permet des séquences oniriques,
sensuels ou même tout à fait surréalistes. Vigo peut s’appuyer sur le talent
immense de Michel Simon, dont le personnage truculent confine ici au burlesque.
Vigo, malade,
n’a pas eu la main sur le montage final et des séquences ont été enlevées, de
la musique modifiée. La volonté de Vigo, semble-t-il, allait vers plus de
poésie encore, ce qui effrayait les producteurs (on peut le comprendre :
le film fut de toute façon un échec).
En plus de ses
qualités et de son ton poétique unique, la mort prématurée du réalisateur
alliée à l’échec du film et à son destin d’œuvre mutilée font aujourd’hui de L’Atalante un film à la fois culte et
maudit.
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