Très bon film de
Scorsese qui reprend l’idée de faire déambuler un personnage dans New-York la
nuit (après Taxi Driver) et le pousse
au bout de lui-même. Nicolas Cage est parfait dans ce rôle : les yeux
exorbités, défoncé, camé, incapable de s’arrêter, en mission permanente de
sauver le plus de vies possible (et se souvenant de celles qu’il n’a pu
sauver), compulsif, il emporte le personnage dans un déséquilibre mental sans
cesse borderline. On voit mal qui pourrait interpréter de façon à la fois si
naturelle et si exagérée ce burn-out continuel de l’ambulancier, qui va de
bas-fonds en bas-fonds, de grabataires en suicidaires, de stridence en stridence,
interrompu seulement par quelques moments (dans « l’oasis » ou,
ensuite, auprès de Mary, si émouvante), comme hors du temps, où il échappe à ce
torrent qui l’emporte et le happe. Et le spectateur avec lui.
Scorsese met sa
virtuosité, faite de vitesse, d’hallucinations, de jeux de sons et de couleurs,
de symboles chrétiens (Frank est en mission et mille symboles viennent appuyer
cette vision qu’il a de son travail), il recrée progressivement un univers, de
plus en plus loin de la réalité (s’éloignant alors de Taxi Driver), de plus en
plus proche de l’imaginaire délirant de Frank.
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