Film fondateur et qui est aussi l’un
des plus célèbres du monde, l’un des plus reconnus et des plus influents. Le Cuirassé Potemkine reste en effet éblouissant,
en particulier certaines séquences célébrissimes. Il constitue aussi une mise en
application brillante des théories d’Eisenstein sur le montage. C’est ainsi
qu’on a volontiers décrit le film comme une œuvre musicale quand Eisenstein
parlait lui-même d’une « tragédie en cinq actes ». Le film montre la révolte de marins en 1905 qui sera violemment réprimée par le régime
tsariste et qui est un des événements précurseurs de la révolution d’octobre. Il est
donc structuré en cinq parties, avec notamment la fameuse séquence de
« l’escalier d’Odessa », éblouissante, largement passée à la
postérité.
On notera que cet objet de
propagande est une œuvre d’art exceptionnelle, ce qui est extrêmement rare,
surtout en cinéma. Le plus souvent la forme et la lourdeur des propos engloutit
complètement l’œuvre.
Le film démarre avec une idée simple
et efficace : le clivage dans le navire (entre les marins et les officiers
dont les conditions de vie sur le même bateau sont aux antipodes) représente le
clivage social de la Russie et le peuple opprimé par le tsar et ses sbires. Suivant
les contraintes du régime socialiste, le film ne met en avant aucun personnage
mais glorifie le peuple, qui dévale en désordre le célèbre escalier, assassiné
sans pitié par les soldats qui descendent implacablement.
Les recherches formelles
d’Eisenstein trouvent donc une concrétisation parfaite : la puissance
narrative est très forte et le montage percutant (avec de célèbres gros plans
chocs). Il faut noter que, comme pour beaucoup d’œuvres anciennes et qui ont
été créées dans un contexte politique autoritaire, l’histoire du film est
complexe, et il en existe différentes versions, plus ou moins censurées.
On remarquera l’évocation du film –
notamment au travers de la séquence de l’escalier d’Odessa – dans de nombreux
films, depuis Nous nous sommes tant aimés
de E. Scola, aux Incorruptibles de B. De Palma, en passant par Brazil de T. Gilliam.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire