Thriller parfait
d’Hichcock, qui sublime le genre en venant enchâsser une histoire d’amour complexe
et légendaire (avec le fameux baiser qui, nonobstant la censure, n’en finit pas)
dans une passionnante histoire d’espionnage. On remarquera que le nœud de cet
espionnage (l’uranium caché à la cave) est loin d’être le cœur du film (on a là
un exemple du célèbre MacGuffin hitchcockien).
Alicia
(admirable Ingrid Bergman) joue un double jeu : celui de la séduction complexe
qu’elle entretient avec Devlin (Cary Grant, parfait dans ce rôle pourtant
presque à contre-emploi) et le classique jeu de l’espionne auprès de celui qu’elle
va jusqu’à épouser. Ce jeu d’amour est très cruel (elle accepte de se marier
pour tester l’amour de Devlin, celui-ci ne faisant rien pour l’en dissuader) et
il tourne autour d’un classique triangle amoureux (avec Claude Rains en mari
espionné).
Une des réussites
éblouissantes du film est très bien formulée par François Truffaut, dans ses
entretiens avec Hitchcock : « La
plus grande réussite de Notorious est
probablement qu’il atteint au comble de la stylisation et au comble de la
simplicité ». Il est certain que la maîtrise d’Hitchcock est telle que
ce film complexe apparaît sobre et que l’intrigue, riche et incertaine, semble
se dérouler avec une déconcertante facilité.
A noter que ce
double enchâssement (l’histoire d’amour venant redoubler le thriller d’espionnage)
est ce qui manque sans doute au Rideau déchiré, lui aussi histoire d’espionnage d’un couple, mais dont la trame,
jouant sur la seule corde de la course-poursuite, semble trop fine et pauvre.
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