vendredi 18 avril 2014

Les Enchaînés (Notorius de A. Hitchcock, 1946)




Thriller parfait d’Hichcock, qui sublime le genre en venant enchâsser une histoire d’amour complexe et légendaire (avec le fameux baiser qui, nonobstant la censure, n’en finit pas) dans une passionnante histoire d’espionnage. On remarquera que le nœud de cet espionnage (l’uranium caché à la cave) est loin d’être le cœur du film (on a là un exemple du célèbre MacGuffin hitchcockien).
Alicia (admirable Ingrid Bergman) joue un double jeu : celui de la séduction complexe qu’elle entretient avec Devlin (Cary Grant, parfait dans ce rôle pourtant presque à contre-emploi) et le classique jeu de l’espionne auprès de celui qu’elle va jusqu’à épouser. Ce jeu d’amour est très cruel (elle accepte de se marier pour tester l’amour de Devlin, celui-ci ne faisant rien pour l’en dissuader) et il tourne autour d’un classique triangle amoureux (avec Claude Rains en mari espionné).


Une des réussites éblouissantes du film est très bien formulée par François Truffaut, dans ses entretiens avec Hitchcock : « La plus grande réussite de Notorious est probablement qu’il atteint au comble de la stylisation et au comble de la simplicité ». Il est certain que la maîtrise d’Hitchcock est telle que ce film complexe apparaît sobre et que l’intrigue, riche et incertaine, semble se dérouler avec une déconcertante facilité.


A noter que ce double enchâssement (l’histoire d’amour venant redoubler le thriller d’espionnage) est ce qui manque sans doute au Rideau déchiré, lui aussi histoire d’espionnage d’un couple, mais dont la trame, jouant sur la seule corde de la course-poursuite, semble trop fine et pauvre.

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