Un même titre pour deux films. Si le
titre français est le même, le titre original est différent : Léo McCarey
réalise A love affair tout d’abord en
1938, puis, dix-neuf ans plus tard, An affair
to remember. Pratiquement scène pour scène il s’agit du même film, les
lignes de dialogues sont aussi quasiment identiques.
Le plus brillant tout
d’abord. An affair to remember est un
chef-d’œuvre absolu. Il éblouit par sa dualité : une première partie de
comédie, en un ping-pong délicieux et drôle. Puis une halte sur la côte
méditerranéenne, qui est le climax absolu du film, prémices à une seconde
partie dans laquelle le film change de registre, glisse vers le drame pour
finir dans une séquence extraordinaire où le rire et les larmes se côtoient
comme jamais. Bien entendu Cary Grant est éblouissant, d’abord dans le registre
qu’il maîtrise absolument (son charisme, sa décontraction, son phrasé ultra
rapide en font un génie de la comédie) puis ensuite en se coulant dans la
tristesse de l’abandon. Deborah Kerr est une complice parfaite, elle a ce petit
piquant ironique d’abord, puis cette douceur ensuite qui complète Cary Grant.
L. McCarey, sur ses vieux jours, signe sans doute son chef-d’œuvre (dans une
filmographie avec pourtant tellement de films admirables) et met beaucoup de
lui-même dans son héros Nicky Ferrante. Et c’est l’évolution des deux
personnages découvrant, malgré eux, leurs sentiments, qui fait infléchir le ton
du film.
Il est fascinant de
comparer cette réussite extraordinaire avec A
love affair. On l’a dit ce premier film est très proche de son remake
somptueux. Et pourtant ce premier film, déjà très bon, reste très en-dessous de
son remake. Rien de génial ou de lumineux ici. Réfléchir au comment du pourquoi
de ce qui différencie les deux films est fascinant.
Les acteurs sont très
bien : Charles Boyer, en French lover, a lui aussi une touche ironique dans sa
séduction (même si le style est plus daté et emprunté que celui de C. Grant),
et Irene Dunn est convenable (elle pêche un peu, malgré tout, en regard de la
fraîcheur de D. Kerr).
Non, ce qui différencie
les deux films c’est le manque de relief du premier, son manque de rythme. On
sait que la mise en scène doit sentir le
rythme, eh bien dans ce premier film la comédie n’est pas assez enlevée (on est
loin de la screwball comedy que l’on approche par séquences dans le second),
les émotions sont trop feutrées ensuite, trop retenues. Les tons y sont moins
marqués, le glissement d’un ton à l’autre est plus doux. La séquence de la visite à la grand-mère n’est pas ressentie de la même manière, la magie opère moins. Dès lors n'apparaît pas ce
basculement que l’on ressent si fortement dans An affair to remember.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire