Chef-d’œuvre extraordinaire de Pabst, qui parvient
à lier dans son film le réalisme et l’expressionnisme, son film glissant, au fur
et à mesure que la mort se resserre autour de son personnage, vers un
clair-obscur de plus en plus menaçant. Il en ressort une peinture sociale
complexe de Pabst et l’on passe de fêtes bourgeoises traitées de façon réaliste,
à un Londres sombre, brumeux, gothique, expressionniste. Pabst, en cherchant à obtenir un jeu particulier d’acteurs, fit retourner maintes fois certaines scènes (ce
qui était très rare à l’époque et ce qui plut beaucoup à Louise Brooks).
L'expressionnisme des dernières séquences |
Loulou, femme légère et entretenue –
qui est comme une lumière à laquelle viennent se brûler les ailes tous les hommes
qui la croisent –, tout à fait consciente de cette attirance irrépressible
qu’elle exerce sur les hommes, intrigue et manipule. Elle est ainsi une incarnation de Pandore, créée par les Dieux pour se venger des hommes, et à laquelle fait allusion le titre original (titre d'une pièce de F. Wedekind, dont le film est une adaptation). Mais ce jeu se retournera contre
elle : elle ne peut que mourir, au contact de ces hommes qui ne
parviennent pas à l’aimer. Le film est ainsi une espèce de danse de mort avec
au centre, l’extraordinaire Loulou.
L'irrésistible Louise Brooks, au look éternel |
Le tournage faillit se faire avec Marlène Dietrich, mais Louise Brooks, voulue par Pabst contre l’avis de plusieurs de ses collaborateurs, devint alors la première
actrice américaine à tourner en Europe. Son interprétation est exceptionnelle : sa grande beauté, la sensualité naïve qui se dégage de son
corps, la fameuse coiffure cernant le visage, tout cela contribue à faire de Loulou
l’incarnation de l’innocence féminine pure, extrêmement attirante,
irrésistible. De sorte que Louise Brooks, avec son jeu très moderne (elle ne
surjoue pas comme dans le muet d’alors, son visage reste impassible et c’est dans
le scintillement changeant de son regard qu’il faut lire ses sentiments) irradie
complètement le film.
Il faut remarquer que le personnage de Loulou –
femme libérée et manipulatrice – est beaucoup moins scandaleux aujourd’hui qu’à
l’époque du film (film qui eut bien des démêlés avec la censure).
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