Ce
chef-d’œuvre est l’un des films les plus fascinants du cinéma et aussi l’un des
plus perturbants.
Hitchcock
parvient à nous faire entrer dans la tête de John « Scottie »
Ferguson dont on découvre, au fur et à mesure du film, la névrose. L’intelligence
d’Hitchcock est de couper le film en deux : après la mort de Madeleine (du
moins ce qui apparaît comme tel), le spectateur est dans l’expectative. Que
va-t-il bien pouvoir se passer maintenant, avec Scottie à demi-catatonique
dans son hôpital et Madeleine qui n’est plus ? Et c’est
alors, évidemment, que l’aspect terrible du film commence : Scottie, dans
un premier temps, croit voir Madeleine partout, puis, dans un second temps, il va
tenter de la faire revivre. Il croise Judy, qui ressemble
étonnamment à Madeleine et il cherche alors à la façonner à l’image de Madeleine.
Et Judy, éprise de Scottie, se laisse faire.
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La première vision de Madeleine par Scottie |
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Scottie croit retrouver Madeleine en retournant
dans le restaurant où il l'a vue pour la première fois... |
On
a ici une forme de nécrophilie qui fait réfléchir : Scottie n’aime pas
Judy, il aime Madeleine au travers de Judy. Bien sûr la machination ourdie
contre Scottie complexifie l’affaire, mais l’aspect psychanalytique est très
puissant, dans cette volonté d’un homme de retrouver une personne disparue, en
faisant adopter par une autre femme (du moins le croit-il) la même coupe de
cheveux ou les mêmes vêtements que celle qu’il aimait.
Hitchcock,
tout en maîtrise, s’offre le luxe de dévoiler la clef de son énigme une
demi-heure avant la fin (contre l’avis de nombreux collaborateurs, comme c’est souvent
le cas pour ses décisions radicales). Mais loin de briser le suspense, le film
en est encore plus passionnant : le spectateur qui en sait plus que Scottie le voit s’enfoncer dans sa névrose. Jusqu’à ce que, comme
souvent chez Hitchcock, un détail ne vienne tout révéler (ici le pendentif).
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Le pendentif de Madeleine, que Scottie retrouve sur Judy. |
Comme
pour beaucoup d'autres films d'Hitchcock, Vertigo
a influencé de nombreux réalisateurs et on en retrouve de nombreuses allusions
dans beaucoup de films, depuis le remake (Obsession par B. De Palma) jusqu'à
des scènes qui y font clairement références, par exemple dans Un conte de Noël de A. Desplechin.
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Une scène clef de Vertigo(Madeleine devant le tableau de Carlotta) |
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Dans Un conte de Noël on retrouve la même scène,
qui est même signée par un plan sur un pendentif. |
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