Exceptionnel mélodrame de C.
Eastwood, très à l’aise loin des genres où on l’attend. Il explore un ton
nouveau pour lui, mais il continue d’appliquer son classicisme, et avec quel
talent !
Pourtant le script est très
conventionnel. On est proche de Brève rencontre, dans une version plus moderne (encore que l’action principale –
la rencontre – se déroule dans les années 60). On pense beaucoup à Sirk bien
sûr, le grand maître des mélodrames hollywoodiens, à Tout ce que le ciel permet.
Meryl Streep est très simple, très
juste, très touchante dans son désarroi, dans cet amour qui lui tombe dessus et
dont elle ne sait que faire. Mais on sait ses qualités d’actrice. Clint Eastwood,
en revanche, surprend : dans un rôle très sobre, il est parfait lui aussi, pour
interpréter un baroudeur proche des images que l’on s’en fait (celui qui
bourlingue et traverse le monde avec son appareil photo, sans attaches), mais
il parvient à affiner cette image, à la modifier, jusqu’à la dernière scène où son
personnage apparaît : l’image initiale qu’il représentait est alors définitivement
balayée.
Bien sûr le film est centré sur la tristesse de Francesca qui reste
avec son mari et ses enfants. Et Eastwood semble ne pas s’attarder sur ce que
devient Robert Kincaid : il s’y arrête le temps d’une scène quand, sous la
pluie, il voit Francesca passer en voiture, hésiter peut-être, mais ne pas
descendre. Pourtant on comprend que Robert avait trouvé – mais qu’il n’a pas eu – ce
qui lui manquait en ce monde et que, désormais, il ne sera plus un globe-trotter concentré sur
ses photos, mais un homme seul à tout jamais. Cette façon de renvoyer les deux
partenaires dos à dos est déchirante.
La scène clef – le premier mouvement
physique de l’un vers l’autre – est d’une justesse confondante, quand Francesca,
debout, au téléphone, remet machinalement le col de Robert assis à côté d’elle,
comme un geste anodin de tous les jours …
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