Film
assez quelconque mais représentatif d’un certain cinéma français.
Le scénario est assez linéaire et sans surprise : Thierry
est au chômage, il ne parvient pas à joindre les deux bouts. Il retrouve
finalement un emploi mais difficile à assumer : il est vigile, on lui
demande d’épier ses collègues.
Malheureusement cette représentation appliquée de la société française (qui se veut très réaliste) n’échappe pas aux clichés et aux idées convenues. Le film, en fait, ne montre pas la réalité mais met en images l'idéologie dominante sur la réalité : les patrons sont des salauds, la société est violente, elle propose des choix moralement intenables (le vigile qui traque les employés), elle n'est qu'humiliation. Dans le film, la quasi totalité des rapports humains – en dehors du cercle familial – est traitée sous un rapport d’humiliation : soit on humilie, soit on est humilié.
Malheureusement cette représentation appliquée de la société française (qui se veut très réaliste) n’échappe pas aux clichés et aux idées convenues. Le film, en fait, ne montre pas la réalité mais met en images l'idéologie dominante sur la réalité : les patrons sont des salauds, la société est violente, elle propose des choix moralement intenables (le vigile qui traque les employés), elle n'est qu'humiliation. Dans le film, la quasi totalité des rapports humains – en dehors du cercle familial – est traitée sous un rapport d’humiliation : soit on humilie, soit on est humilié.
Et comme cette description de la société rejoint l'idée médiatique mean stream actuelle (le succès du film montre combien ce discours est consensuel), le film est décrit comme réaliste ou comme bon exemple de ce qui se passe dans la « vraie vie ». On est pourtant simplement dans une représentation de l’ordre des choses, dans du normatif, bien loin de tout réalisme. En effet, le cas pris en exemple (une caissière se fait licencier parce qu'elle a ramassé quelques coupons de réduction) est, non pas une situation commune et habituelle, mais une situation très rare et exceptionnelle que Brizé fait passer pour banale. Or ce n'est pas le cas : cette situation existe, mais, heureusement, elle ne résume pas du tout le rapport patron-employé ni ne représente le problème du chômage. Il y a là une arnaque intellectuelle autant qu'émotionnelle. Donc, sous un dehors prétendument réaliste, Brizet tient un discours partisan. Le titre du film le montre bien.
Par ailleurs, dans La Loi du marché, les choses semblent complètement figées. Le film part de situations (dont on vient de dire que, loin d'être réalistes, elles collent en réalité à des conceptions qu'a le scénariste de la société) et on nous montre les problèmes qui surgissent de ces situations. Voici les situations, voici les problèmes qu’elles engendrent. Bien. Rien à dire de particulier, donc. L'exposition de la situation tient lieu de discours. C'est là une façon de faire fréquente mais très pauvre. Il faut se souvenir, par exemple, de la comédie italienne, pour comprendre que simplement montrer (une fausse réalité qui plus est) c’est bien peu de choses. Dans ces films italiens, lorsque des portraits très durs sont brossés au fil des sketchs ou que des miroirs grossissants sont placés sous les yeux des spectateurs, il y a là une volonté non seulement de montrer, mais, bien plus, de faire bouger les choses, de déranger et de brusquer. Quand on voit comment Comencini, dans L’Argent de la vieille, renvoie dos à dos les riches et leur cynisme et les pauvres et leur avidité ; ou quand Risi, dans Au nom du peuple italien, renvoie dos à dos le juge et l'entrepreneur véreux : on comprend qu’il y a peut-être mieux à faire que simplement chercher à représenter la réalité.
Vincent Lindon est très bien, mais le choix de l'acteur pose problème. En effet le film met en scène des petites gens, des prolétaires qui ont du mal à finir leurs fin de mois. Et, au milieu d'acteurs inconnus ou non professionnels, choisir une star n’est pas simple. Lindon s'affuble d'ailleurs d'une moustache, peut-être pour faire plus prolétaire, pour qu'on voit moins la star et plus le personnage. Mais, quelque soit la qualité de son jeu, on ne voit pas Thierry et ses 20 mois de chômage, on voit Vincent Lindon qui joue très bien Thierry. On sait les avantages promotionnels de la présence d'un acteur célèbre, mais la résonance d'une star devrait empêcher, de fait, leur présence dans ce type de rôle (c’est un problème qui se rencontre souvent, même dans des films d'un tout autre genre, par exemple dans plusieurs interprétations des Misérables). A noter que Vincent Lindon semble d’ailleurs se spécialiser progressivement dans ce type de rôle, qu’il conçoit comme un engagement de sa part ou comme des prises de position (voir par exemple Welcome de P. Lioret).
Par ailleurs, dans La Loi du marché, les choses semblent complètement figées. Le film part de situations (dont on vient de dire que, loin d'être réalistes, elles collent en réalité à des conceptions qu'a le scénariste de la société) et on nous montre les problèmes qui surgissent de ces situations. Voici les situations, voici les problèmes qu’elles engendrent. Bien. Rien à dire de particulier, donc. L'exposition de la situation tient lieu de discours. C'est là une façon de faire fréquente mais très pauvre. Il faut se souvenir, par exemple, de la comédie italienne, pour comprendre que simplement montrer (une fausse réalité qui plus est) c’est bien peu de choses. Dans ces films italiens, lorsque des portraits très durs sont brossés au fil des sketchs ou que des miroirs grossissants sont placés sous les yeux des spectateurs, il y a là une volonté non seulement de montrer, mais, bien plus, de faire bouger les choses, de déranger et de brusquer. Quand on voit comment Comencini, dans L’Argent de la vieille, renvoie dos à dos les riches et leur cynisme et les pauvres et leur avidité ; ou quand Risi, dans Au nom du peuple italien, renvoie dos à dos le juge et l'entrepreneur véreux : on comprend qu’il y a peut-être mieux à faire que simplement chercher à représenter la réalité.
Vincent Lindon est très bien, mais le choix de l'acteur pose problème. En effet le film met en scène des petites gens, des prolétaires qui ont du mal à finir leurs fin de mois. Et, au milieu d'acteurs inconnus ou non professionnels, choisir une star n’est pas simple. Lindon s'affuble d'ailleurs d'une moustache, peut-être pour faire plus prolétaire, pour qu'on voit moins la star et plus le personnage. Mais, quelque soit la qualité de son jeu, on ne voit pas Thierry et ses 20 mois de chômage, on voit Vincent Lindon qui joue très bien Thierry. On sait les avantages promotionnels de la présence d'un acteur célèbre, mais la résonance d'une star devrait empêcher, de fait, leur présence dans ce type de rôle (c’est un problème qui se rencontre souvent, même dans des films d'un tout autre genre, par exemple dans plusieurs interprétations des Misérables). A noter que Vincent Lindon semble d’ailleurs se spécialiser progressivement dans ce type de rôle, qu’il conçoit comme un engagement de sa part ou comme des prises de position (voir par exemple Welcome de P. Lioret).
La Loi du marché est donc un film assez typique (malheureusement) de cette mode très française : montrer la société, en se disant que, se faisant, on la dénonce. C’est un cinéma de représentation, où l'exposition de la situation tient lieu de discours. Ici la représentation d’une partition sociale : les gens rament pour joindre les deux bouts. Mais, malgré quelques séquences réussies (la séquence d’ouverture, la vente avortée du bungalow, bien que traitées, comme il se doit, sur le mode de l'humiliation), le film ne parvient pas à faire oublier que chercher simplement à montrer les choses, comme le fait Brizé, ne mène pas bien loin.
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