Cette revisite
du film de Howard Hawks est devenue culte aujourd’hui, non pas tant pour ses
qualités intrinsèques (bien que le film soit volontiers imprégné du brio de
Brian De Palma) que par Tony Montana, le personnage incarné par Al Pacino, avec son accent
forcé (1), son cabotinage incessant et, bien sûr, son improbable destin. C’est
que le récit de cet immigré cubain, sans foi ni loi qui devient brièvement chef
de la pègre, offre une version dégénérée du rêve américain. L’Amérique reaganienne
est ainsi filmée avec une outrance délirante et névrosée.
De Palma déplace
l’intrigue de Chicago à Miami, laisse de côté les mafieux italiens pour
vadrouiller du côté des trafiquants cubains qui prospèrent dans les années 80.
Avec ses couleurs criardes, ses chemises bariolées, sa musique disco, son
ambiance kitsch et pleine de mauvais goût, Scarface
prend le contre-pied des codes du polar dont il est issu et qu’une succession
de films fondateurs – du Scarface de
Hawks au Parrain de Coppola en
passant par les polars de Mervyn LeRoy,
William Wellman ou Raoul Walsh – avaient
fixés. En ajoutant à cela une dimension baroque et excentrique – qui n’hésite
pas à barioler les murs de sang – due à la patte de De Palma, Scarface installe une esthétique
nouvelle qui va considérablement influencer le genre.
C’est ainsi que Scarface malgré son outrance et son
aspect kitsch très démodé, est un des films incontournables des années 80.
(1) : La voix
française de Al Pacino, pourtant épouvantablement forcée, a paradoxalement
contribué au succès du film en France, du fait des répliques assénées avec cet
accent caricatural, qui fait glisser le film vers le cartoon.
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