Saw est le premier film de son réalisateur, film qu’il
a eu bien du mal à financer mais qui a connu un très grand succès en salle.
Bien que Saw fût qualifié d’original,
il reprend directement l’intrigue de L’Abominable Docteur Phibes de Robert Fuest. Il en reprend les motivations du tueur (une
vengeance face à un corps médical déficient) et le principe des pièges
successifs appliqués à différentes victimes. On retrouve ainsi dans Saw une sorte de masque qui broie la
tête de la victime ou l’idée de cacher une clef dans un corps humain, ce que le
film de Fuest propose déjà. Bien entendu la vague gore du film de genre a
emporté tout le charme un peu désuet et très anglais de Fuest, au profit d’un
pseudo-réalisme sordide et glauque où toute retenue s’en est allée.
Saw apparaît ainsi comme un mélange des films gore classiques tels que Orgie sanglante ou 2000 maniaques, saupoudré d'idées prises du côté de L'Abominable docteur Phibes, le tout dans un univers glauque et sordide façon Seven.
Saw apparaît ainsi comme un mélange des films gore classiques tels que Orgie sanglante ou 2000 maniaques, saupoudré d'idées prises du côté de L'Abominable docteur Phibes, le tout dans un univers glauque et sordide façon Seven.
On est surpris de trouver dans Saw des garde-fous – qui n’étaient pas
là dans le film de Fuest – alors que toute l’horreur sadique des pièges est
montrée avec un voyeurisme outrancier. En effet le tueur de Saw se targue de moraliser ses victimes
et de les laver de leurs péchés. Ils ont d’ailleurs une chance (minime il faut
bien dire, mais symbolique) de se dépêtrer du piège. Rien de ça chez Fuest où
rien ne viendra adoucir la vengeance de Phibes, surtout pas la bonne morale. On
a ainsi l’impression étrange que l’on montre des abominations épouvantables
tout en faisant un cours de morale, ce qui est quand même assez gonflé. Et cela
montre des tendances qui n’existaient pas auparavant dans le genre. Pas de
jolie morale derrière le Leatherface de Massacre à la tronçonneuse ou les zombies de La Nuit des morts-vivants. C’est comme si l’on pouvait montrer les pires
scènes de crimes ou de tortures mais en se devant de l’entourer (de se
protéger ?) d’une morale (on retrouve la même tendance dans
l’éprouvant Hostel de E. Roth, qui
reprend la même veine d’horreur en montrant le plus de barbarie possible, mais
en ne s’épargnant pas un rééquilibrage moral, très discutable pour le coup).
Cela dit, si Saw
n’invente rien, il est réussi dans son genre. Le problème évidemment est de
supporter le genre : on est ici dans l’épouvante et l’horreur. Le film est
bien entendu (c’est le genre qui veut ça) très malsain, très violent, absolument
tordu et il réussit la gageure d’être crescendo dans l’horreur. L'ambiance
post-Seven exagérée est elle aussi
réussie.
Bien entendu le film est parfaitement vain. Il
est là pour titiller le dégoût, tester un peu le spectateur, tout cela
peut-être en se lavant les mains de tout aspect malsain, non seulement par
l’aspect moralisateur du tueur, comme on l’a dit, mais aussi puisqu’après tout,
tout est pour de faux puisque c'est du cinéma. On est curieux, malgré tout, de
connaitre les tenants et aboutissants des véritables fans du genre, ce qu’ils
cherchent et ce qu’ils trouvent devant ce genre de film.
Comme le film a cartonné, de nombreuses suites
ont été tournées, suites qui déclinent sans fin des morceaux de barbarie, plus
sanguinolents et atroces les uns que les autres, et qui sont donc aussi inutiles
et vaines les unes que les autres.
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