Film éblouissant de Vincente Minelli, qui explore la société américaine avec une finesse rare et
une densité exceptionnelle. Minnelli dresse un
portrait de l'Amérique, avec ses réussites, ses ratés, ses tares,
ses tentatives, ses demi-mesures. On voit les
personnages exister sous nos yeux, douter, s’affirmer, regretter, avancer,
mourir.
Bien sûr les acteurs
sont formidables, Shirley McLaine en tête, et son face à face avec l’Amérique
honnête et propre sur elle – lorsque son personnage de fille facile et perdue
rencontre l’institutrice – est extraordinaire. Et Minnelli n’oublie pas
l’humour : faire chanter ensemble Frank Sinatra, Dean Martin et Shirley McLaine le temps de massacrer une chanson dans un bar est délicieux.
On a beau jeu de
critiquer la toute-puissance hollywoodienne, il n’empêche que, des studios
californiens, sortent sur l’Amérique des regards sans concession, au vitriol
parfois, mais avec beaucoup de finesse et d'intelligence, bien loin d’un quelconque manichéisme.
De sorte que, au travers de ses films, l’Amérique n’a besoin de personne pour
être lucide sur elle-même.
Et on sait que bien des films sont incapables d’épaissir ne serait-ce qu’un personnage,
quand, dans le même temps, Minnelli brosse quatre, cinq, six portraits, les
affine, les confronte, les fait évoluer sous nos yeux. Il y a tant de films qui durent deux heures et qui nous montrent si peu de choses, nous font côtoyer si peu de personnages et nous amènent à si peu de réflexions ! Comme un torrent est un modèle magistral
de ce qu’un film peut construire et apporter, aussi bien intellectuellement qu'émotionnellement.
Bob Rafelson reprendra les grandes lignes dramatiques du film dans Cinq pièces faciles, mais avec une forme très éloignée de Minelli et du classicisme hollywoodien.
Bob Rafelson reprendra les grandes lignes dramatiques du film dans Cinq pièces faciles, mais avec une forme très éloignée de Minelli et du classicisme hollywoodien.
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