Western
magistral et fondamental, La Vallée de la
peur est l’un des premiers à emmener le western hors de ses sentiers
habituels, préfigurant les grands westerns névrotiques qui viendront quelques
années plus tard (ceux d’Anthony Mann notamment).
Drame filial et
psychanalytique, le film vient flirter du côté du film noir et,
au travers de la destinée du héros, confine à la tragédie grecque.
Cette haine dont Grant Callum l'accable, le héros doit la subir tel un destin qui lui échappe, tout en cherchant à comprendre son histoire, qui lui revient à lui comme
autant de visions qui le hantent. Et Jeb (formidable Robert Mitchum, qui a le
regard perdu de celui qui ne parvient pas à échapper à ce qui lui arrive) est
tiraillé entre la fuite et ce destin inexorable qui l’oppresse. La complexité du récit mêle les souvenirs de Jeb et tous
ceux qu’il a à affronter, jusqu’à Thorley, qui rêve d’assouvir une vengeance
(étonnante image que celle du marié qui apporte à sa femme un revolver sur un
plateau d’argent). Et le film, alors, dépasse rapidement une simple histoire de vengeance, et devient obsessionnel et psychanalytique.
Le paysage, si
fondamental dans le western, n’est plus une terre inconnue ou un espace à
conquérir, mais le tréfonds de l’âme de Jeb, qu’il ne parvient pas à sonder.
Les ciels sont noirs, l’environnement âpre, minéral et dur. Avec la bande
originale, cela crée une ambiance qui enserre le héros dans sa tragédie. La Vallée de la peur, western sans équivalent, derrière cet horizon noir, semble ainsi revenir jusqu'aux confins des mythes les plus enfouis.
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