Excellent film
de James Whale, réalisé en plein âge d’or des Universal Monsters (il est l’un
de ceux qui remporta le plus de succès) et qui dépasse très largement le film
de genre. L’ambiance créé par Whale, gothique et noire (avec des relents d'expressionnisme),
convient à merveille au thème. Le monstre lui-même, dont la figure boulonnée et
bardée de cicatrices est restée inchangée jusqu’à nos jours, fournit une image
universelle de ce personnage né dans la littérature. La sobriété du jeu de Boris
Karloff contraste parfaitement avec la mise en scène expressive.
De nombreuses
séquences très fortes sont inoubliables : les premières scènes, de nuit, dans
le cimetière, à déterrer des cadavres ; les scènes où le docteur fait vivre
sa créature et qui imposent une image du laboratoire du savant fou qui sera largement
exploitée par la suite ; l’image du monstre qui avance avec ses bras
tendus et qui a traversé les décennies (on retrouve cette pose chez les
morts-vivants de Romero) ; l’image encore des villageois armés de torches
et de fourches et qui se regroupent pour partir à la chasse au monstre ; l’image
enfin, exceptionnelle, de la rencontre entre le monstre et la petite fille, au
bord de l’eau. Toute la nature du monstre, d’ailleurs, est dans cette scène à
la fois très belle et dramatique : le monstre n’est pas désigné comme tel
par la petite fille (de même que, dans la très bonne suite La Fiancée de Frankenstein, seul l’aveugle verra l’humanité du monstre),
qui voit en lui un partenaire de jeu. Et c’est l’incompréhension muette et
touchante du monstre qui nouera le drame.
Le monstre de Whale
est très éloigné de celui du roman de Mary Shelley. Il sera un peu humanisé
dans La Fiancée de Frankenstein, mais
on reste loin du personnage de la littérature. Le Frankenstein de Kenneth Branagh, bien que très inférieur, propose lui un monstre très proche de celui du roman.
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