dimanche 27 mars 2016

Frankenstein (J. Whale, 1931)




Excellent film de James Whale, réalisé en plein âge d’or des Universal Monsters (il est l’un de ceux qui remporta le plus de succès) et qui dépasse très largement le film de genre. L’ambiance créé par Whale, gothique et noire (avec des relents d'expressionnisme), convient à merveille au thème. Le monstre lui-même, dont la figure boulonnée et bardée de cicatrices est restée inchangée jusqu’à nos jours, fournit une image universelle de ce personnage né dans la littérature. La sobriété du jeu de Boris Karloff contraste parfaitement avec la mise en scène expressive.


De nombreuses séquences très fortes sont inoubliables : les premières scènes, de nuit, dans le cimetière, à déterrer des cadavres ; les scènes où le docteur fait vivre sa créature et qui imposent une image du laboratoire du savant fou qui sera largement exploitée par la suite ; l’image du monstre qui avance avec ses bras tendus et qui a traversé les décennies (on retrouve cette pose chez les morts-vivants de Romero) ; l’image encore des villageois armés de torches et de fourches et qui se regroupent pour partir à la chasse au monstre ; l’image enfin, exceptionnelle, de la rencontre entre le monstre et la petite fille, au bord de l’eau. Toute la nature du monstre, d’ailleurs, est dans cette scène à la fois très belle et dramatique : le monstre n’est pas désigné comme tel par la petite fille (de même que, dans la très bonne suite La Fiancée de Frankenstein, seul l’aveugle verra l’humanité du monstre), qui voit en lui un partenaire de jeu. Et c’est l’incompréhension muette et touchante du monstre qui nouera le drame.


Le monstre de Whale est très éloigné de celui du roman de Mary Shelley. Il sera un peu humanisé dans La Fiancée de Frankenstein, mais on reste loin du personnage de la littérature. Le Frankenstein de Kenneth Branagh, bien que très inférieur, propose lui un monstre très proche de celui du roman.


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