Volte-face de Luchino Visconti (trahison dirons certains), qui tourne le dos au
néo-réalisme après trois films remarquables (dont Ossessione, film fondateur). Il situe son histoire dans le
passé (au-delà du spectaculaire changement formel, ce choix est lui aussi complètement opposé au néo-réalisme) : ce
sera donc un amour contrarié entre une patriote italienne et un occupant
autrichien, en 1866. Prise de passion pour un beau lieutenant autrichien la
comtesse Livia Serpieri s’avilira pour permettre à son amant de rester auprès d’elle
(en détournant notamment l’argent de la résistance). Repoussée par son amant qui
va l’humilier, elle le dénoncera.
Visconti fait évoluer son couple passionné et vain
(leur amour ne peut que les détruire) dans un cadre somptueux : au bord
des canaux de Venise le soir, dans des appartements où les couleurs
jaillissent, où des étoffes amples coulent jusqu’au sol, où quelques objets
composent une nature morte. Le battage des blés, une bataille : la beauté
des images est époustouflante. Tout le film est un opéra (toute la séquence d’ouverture
est à la Fenice), aussi bien dans la théâtralité du couple, dans la musique,
dans les décors, que dans le lyrisme de la séquence finale.
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