Bon film noir, non pas tant
par le déroulé du scénario, qui n'est pas très original, mais grâce aux deux
personnages principaux, illuminés par l'interprétation. Le premier, Nick Bianco (Victor Mature) est sans cesse
sur le fil du rasoir (c'est un condamné repenti qui devient un indic auprès
d'un procureur pour recouvrer sa liberté) : on ne sait s'il va tenir dans sa
rédemption ou s'il va craquer et retomber dans son milieu. Le jeu de Mature lui donne un aspect de bloc vacillant et hésitant, écartelé entre sa famille en reconstruction et la loi du milieu.
Le second personnage est le tueur
Udo. Il est l'une des plus belles incarnations de gangster fou du cinéma, avec une face blafarde ricanante et narquoise, des
yeux ronds et un rire grêle : il est effrayant. Cette composition
de Richard Widmark est légendaire. La séquence où, ne trouvant pas Rizzi, il se venge sur sa mère est
terrifiante.
Hathaway joue parfaitement de la
confrontation de ses deux personnages qui se tournent autour, louvoient, se rapprochent (on sent combien Udo est malsain, toxique) : il observe tout cela en cherchant au maximum le réalisme (il tourne plusieurs scènes à Sing-Sing et à New-York, sur les lieux
de l'action) et, comme toujours, en gardant ses distances avec ses personnages.
De sorte que l'ambivalence morale de Nick Bianco perdure longtemps. Cette indécision donne un caractère noir au film, d'autant plus que le procureur est lui-même moralement douteux : sous ses airs paternalistes on ne
sait guère ce qu'il pense. Nick lui fait la remarque que ses stratégies sont tordues et immorales et ne valent pas mieux que celles des gangsters. Le procureur le reconnaît, tout en considérant que lui les applique aux mauvais et non aux bons citoyens. La fin justifie donc
les moyens, sans que les limites soient éclaircies.
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